La mode sujet raté de Michel Polac. La dénonciation des atteintes aux Droits de l'Homme, sujet de la nouvelle émissions « Résistances ». FG préconise de hiérarchiser la gravité des sujets abordés. Documentaire sur les raisons pour laquelle la France perdi
LA TELEVISION PAR FRANÇOISE GIROUD
LES MOUTONS DE L'AN QUARANTE
La mode : un beau sujet de réflexion. D'Alain à Roland Barthes, on a écrit là-dessus quelques merveilles. De Daisy de Galard — au temps de « Dim Dam Dom » — à une émission récente intitulée « Femmes sous influence », on a vu qu'il pouvait aussi être télégénique. Bref, on aurait parié que même Michel Polac ne serait pas capable d'en faire une heure incohérente.
Pari perdu : il y est parvenu.
Les droits de l'homme : un beau sujet d'indignation. Brûlant.
« Tout le monde aime l'humanité aujourd'hui. Comme la côte de bœuf : saignante », disait déjà Camus. Le nouveau magazine d'A.2, intitulé « Résistances », veut être, chaque mois, le lieu où seront exposées les atteintes à ces droits théoriquement acquis depuis que toutes les nations ont signé la Déclaration universelle, et si peu respectés. L'intention est excellente. Encore serait-il souhaitable d'instituer une hiérarchie dans le scandale. En négligeant cette précaution, le premier numéro de « Résistances » a indisposé. Dans la compassion, on peut tout confondre : le torturé et l'indigent, Chtcharanski et Fleury-Mérogis, le Chili et le Coral. Dans la dénonciation, les justes de la rue Cognacq-Jay risquent de perdre toute audience s'ils veulent établir que vivre ruiné dans une caravane, en France, ou condamné politique dans un cachot, en Tchécoslovaquie, c'est en somme connaître un sort identique.
S'agissant de deux pays européens, développés, de même culture, de même civilisation, l'analogie était, parmi d'autres, hors de propos.
L'An quarante : un beau sujet de désespoir. Quand on a subi ce séisme, qu'on a vu, de ses yeux vu, la France de son enfance s'écrouler d'un coup, on porte le deuil quelque
part. Difficile à comprendre pour ceux qui n'ont pas sucé avec le lait de leur mère la représentation de soi que procure le fait d'appartenir à la première nation du monde, invincible, infaillible, glorieuse en tous points, phare de la culture et de la civilisation, quoi encore ? Et en huit jours, voilà l'armée française qui détale et se retrouve à Pau, en un mois voilà une certaine France abolie.
L'expérience du choc est intransmissible. Parce que Claude Santelli l'a reçu, à dix-sept ans, il a voulu en faire une chronique en deux volets (mardi 8 sur T.F.1), où, à travers documents, témoignages, fiction, il cherche à montrer et à comprendre : pourquoi avons-nous perdu la guerre, pourquoi ?
Il n'en sait rien, cela va de soi. Ces choses-là n'entrent pas dans le champ des connaissances humaines. Cent bonnes raisons accumulées, y compris l'inénarrable ligne Maginot, n'en font pas une. De même que cent bonnes raisons n'expliquent pas comment Hitler a conduit son pays consentant au désastre. Le désir de guerre et le désir de non-guerre qui se sont parallèlement développés dans les deux pays, ça ne se mesure ni ne s'élucide avec les outils de la rationalité. Du fond de ses souvenirs, Claude Santelli crie avec sincérité, fureur, lyrisme que le jeune homme qu'il fut s'est senti à la fois humilié et trahi par de mauvais bergers. Soit. Ils n'étaient pas fameux. Mais osera-t-on suggérer que ce fut aussi une affaire de moutons ?
Marie-France Pisier, grand témoin de « 7 sur 7 » : un beau sujet d'amusement. Est-ce la précision de sa dialectique ou le bleu de ses yeux qui ont mis son interrogateur en déroute ? Les deux, sans doute. Chez elle, c'est la combinaison qui est imparable !
F. G.