médecine bien organisée
Dans le réquisitoire qui renvoieRoland Dumas en correctionnelle, on trouve sous la plume du procureur cette accusation d'infamie : «Roland Dumas a démontré tout au long de l'instruction une volonté délibérée de dissimulation.» On rêve. Depuis quand un inculpé doit-il contribuer à sa propre perte et s'interdire de mentir à un juge d'instruction? Il en fait trop, ce procureur? Que de sales petites haines personnelles vont se vider à travers ce procès! C'est moche de finir comme ça. La manifestation de Vienne : il fallait y être, bien sûr. Dostoïevski nous le dit : chacun de nous est responsable de tout devant tous? De l'or pour les grands fauves déjà bourrés jusqu'à la gueule, de l'attrape-nigaud pour les petits boursiers qui vont se réveiller avec une gueule de bois, un outil de travail pour les chercheurs, un grand magasin à la maison, un gros joujou de 5 à 75 ans, c'est quoi encore, internet? L'objet d'une bataille entre ceux qui entendent y faire régner leur ordre marchand et les pirates, les hackers , résolus à y introduire leur désordre. Bloquer Yahoo! et Amazone pendant quelques heures, et ils peuvent faire beaucoup mieux. Il faut dire, sous cape, que ça fait rire. Le FBI va en attraper quelques-uns mais il suffit d'une poignée de garçons doués pour les mathématiques pour mettre la pagaille dans tous les systèmes de sécurité. Et qui, jouissant de cette capacité, ne serait pas tenté de le faire? Du bon Pivot. Il avait réuni cette fois, essentiellement, des médecins écrivant, et qu'est-ce qui nous intéresse plus que notre santé sinon, de temps en temps, notre âme, mais il y avait aussi sur le plateau un analyste converti à l'hypnose. Médecine du quotidien ou chirurgie sophistiquée. Un greffeur de foie raconta l'histoire effarante d'un chauffeur routier français frappé de mort subite en arrivant à Madrid. Le temps qu'on s'en aperçoive, il est dépecé. Son cœur est expédié à Munich, ses reins à Rome, son foie à Londres. Il ne s'agit nullement d'un trafic d'organes commercial mais d'une superorganisation. Dans ce cas-là, chaque minute compte. Dans une plaquette de quarante pages, un philosophe, Jean-Luc Nancy parle de ses rapports avec «l'Intrus». L'intrus, c'est le cœur du greffé avec lequel il a fallu qu'il pactise. On a rarement si bien parlé de soi dans cette situation, inouïe quand on y pense (Galilée). Les dispensateurs de césars se sont épargné le ridicule de césariser une Jeanne d'Arc parlant anglais. On peut les en féliciter. Pour le reste, le cinéma français est anémique. Alors, faute de grive, on mange des merles. Au demeurant, c'est un merle très comestible, joyeux, déjà plébiscité par le pu-blic que cette «Vénus Beauté» couronnée par une gerbe de Césars. Le meilleur ceci, le meilleur cela. On était heureux pour l'auteur, Tonie Marshall, la gracieuse fille de Micheline Presle, éberluée par cet accueil. Heureux. Et, quelque part, très mélancoliques. Inutile de demander à Laurence de La Ferrière pourquoi elle fait des choses comme ça, traverser à pied l'Antarctique Sud, c'est un genre de nécessité, être la première à marcher sur une terre vierge. Paul Amar la recevait (France 2) débarquant à peine du bout du monde (cinquante-cinq jours à ? 45 °C). Quelques heures plus tard, ce fut Ruth Elkrief. Laurence de la Ferrière ne portait pas trace sur son petit visage volontaire de ses épreuves. Elle s'est pliée poliment au cirque médiatique sans avoir dormi. Qu'avait-elle, qu'a-t-elle à vendre? Rien peut-être. En tout cas, on lui doit pleine considération. C'est un caractère. F. G.
Jeudi, février 24, 2000
Le Nouvel Observateur