Sans titre

Chaban-Delmas, candidat distancé dans la course à la présidentielle. « On ne tire pas sur une ambulance. »
Dans tous les sports, il y a les joueurs de première catégorie. Et puis les autres.
L'ennui, pour M. Chaban-Delmas, c'est qu'il ne joue pas dans sa catégorie. De sorte qu'il semble de jour en jour plus égaré dans une partie qui n'est pas la sienne.
Alors que MM. Giscard d'Estaing et Mitterrand provoquent des mouvements intenses d'admiration ou d'hostilité, parfois d'admiration et d'hostilité mêlées, on a envie de demander, sans acrimonie, à M. Chaban-Delmas : « Et vous, qu'est-ce que vous faites au juste dans cette affaire ? »
Il encombre. Ce n'est pas de sa faute, il encombre.
Comment le battant a-t-il viré à l'ancien combattant Général me voilà ah la Résistance c'était le bon temps d'ailleurs demandez à Malraux n'est-ce pas André ? Mystère non éclairci. Et André, qui n'a pas précisément l'esprit électoral, de lui enfoncer distraitement la tête dans l'eau, en préconisant un système d'enseignement dont les téléspectateurs ont essentiellement retenu qu'il consistait à ne plus envoyer les enfants à l'école. Conclusion du candidat : « Je le ferai. » Diable !
Un bon moment de la campagne, en vérité.
Seuls s'en affligeront les supporters de M. Chaban-Delmas. Il en a. Il en a encore. Et peu d'ennemis pour finir. M. Mitterrand lui-même, qui le tutoie, en était, l'autre jour, à le consoler devant les résultats d'un sondage déprimant. En le poussant un peu, qui sait ? il serait capable de lui donner une ambassade. Est-ce qu'on refuse quelque chose à Chaban ?
Voilà. Il faut lui donner une ambassade. Il sera parfait.
L'Elysée ?
Mais en voilà assez à ce sujet. Si M. Chaban-Delmas retrouve soudain la faveur du sort, il sera bien temps d'en parler sérieusement.
En attendant, on ne tire pas sur une ambulance.

Mardi, octobre 29, 2013
L’Express