Sans titre

Moque l'indignation de l'opinion publique face à la déclaration empressée de candidature à l'élection présidentielle de plusieurs hommes politiques. Revient sur la maladie de Pompidou que personne n'ignorait. « Le candidat idéal n'existe pas. En politique
Allons, pas de comédie.
Quand on voit, dans les meilleures familles, les héritiers s'arracher la terre ou l'argenterie, se précipiter sur les coffres, chercher les bijoux, agiter les scellés, négocier du Pinay, alors même qu'un homme ou une femme n'a pas encore rendu le dernier soupir — ce qui, au demeurant, n'exclut pas les larmes, et les larmes sincères — quand on voit ce qui se passe couramment autour du moindre héritage constitué de biens matériels, et seulement de biens matériels, que signifie tant de vertueuse indignation parce que les candidats à la plus haute charge de l'Etat, pour ne pas dire la seule, se sont hâtés de se déclarer ?
Le 19 mai au soir, la France aura un nouveau président de la République.
S'il a du tact, tant mieux. Ce n'est pas cependant, on en conviendra, ce qu'il faut exiger en premier lieu d'un chef d'Etat.
Il se passe des choses graves dans ce pays et, si septennat il y a, ce ne sont pas sept années paisibles qui sont devant nous.
Du côté de la majorité, celui qui, à ses risques et périls, aurait su dire à Georges Pompidou que, dans l'état où il se trouvait, il ne pouvait pas écarter l'hypothèse d'être empêché de poursuivre sa tâche, et que des dispositions devaient être prises en conséquence, que le vrai devoir était là, celui-là aurait eu, au moins, du caractère, le sens moral et le genre de courage qu'il faut pour gouverner.
Personne ne le savait ? Si, nous le savions, et précisément, il est impensable qu'aucun ne l'ait su. Il fallait seulement le vouloir.
Timidité, tactique ou respect humain : personne ne l'a fait. C'était difficile. Maintenant, peu importe de savoir qui a pesé le mieux le moment où la sensibilité du public, blessée par le choc d'une mort affreuse à laquelle il n'avait pas été préparé, serait cicatrisée. Cela relève de l'art de la guerre, et non de la seule politesse qui vaille, celle du cœur.
Le candidat idéal n'existe pas. En politique, on ne choisit jamais qu'entre des inconvénients.

Mardi, octobre 29, 2013
L’Express