Critique le manque de discernement des parlementaires socialistes
Un rideau de pluie est tombé sur le dernier jour de l'été. Le hâle qui demeure sur les visages brunis vire au vert. C'est fini. Ou, si l'on préfère, ça commence. Les grèves et les rhumes des enfants, les encombrements et les premiers romans, les ressemelages et les nouveaux films, les prix en hausse et le régime en baisse.
Pour ne pas sombrer dans une mélancolie précoce, deux sortes d'interlocuteurs sont à éviter.
Un : ceux qui ont été en Chine. En se multipliant, le voyageur-retour-de-Chine est devenu l'une des plaies de la vie en société — pour ne rien dire de l'O.r.t.f., qui, dans ce domaine, ne nous aura rien épargné. Encore peut-on dormir au film d'Antonioni — que pourrait-on faire d'autre ? — et pousser le bouton des téléviseurs enchinoisés. Mais on ne peut pas pousser le bouton du monsieur qui a décidé de vous raconter sa Chine.
Deux : ceux qui ont été — ou qui n'ont pas été — au Chili, et qui sont intarissables sur ce que le malheureux Salvador Allende aurait dû faire, selon eux, pour neutraliser ses Versaillais.
On est toujours impressionné de voir le nombre de gens qui savent, en France, comment il faut gouverner quand on préside une coalition de gauche. Ce n'est pourtant pas à force d'avoir fait des travaux pratiques...
Aussi, au silence officiel, lugubre écho de celui par lequel le gouvernement de la France accueillit, en 1968, l'invasion de la Tchécoslovaquie, répond un pieux bavardage.
Par mesure d'hygiène mentale, toute phrase qui commence par « Le Chili n'est pas la France mais... » devrait être coupée net. Rien de plus déprimant que cette analogie derrière laquelle se profile, selon celui qui parle, un François Mitterrand fusilleur ou assassiné.
Deux hypothèses également repoussantes. Le Chili n'est pas la France, point.
La sinistre ironie de l'affaire est que si cette analogie n'avait pas été suggérée par ceux-là mêmes qu'elle dérange aujourd'hui, un putsch militaire au Chili aurait eu autant d'écho, en France, qu'un putsch militaire au Paraguay.
Les parlementaires socialistes ne devraient pas voyager plus loin que la Suède.
Mardi, octobre 29, 2013
L’Express
politique intérieure