Dans un contexte de crise économique de la presse écrite, FG appelle à une réflexion sur les moyens de maintenir une presse écrite pluraliste et indépendante, seule capable de faire pièce au monopole que détient le gouvernement sur la radio et la télévisi
Faut-il sauver la presse écrite ? La question peut paraître saugrenue dans un journal. Mais c'est précisément en distinguant les intérêts purement corporatifs de l'intérêt général qu'il y a quelque chance de faire comprendre aux Français comment la crise que traverse la presse peut les atteindre. Crise dont le président de la République vient de déclarer qu'elle ne serait pas « résolue par des palliatifs ».
Les quotidiens, nationaux et régionaux, à quelques heureuses exceptions près, ont achevé l'année sur un déficit. Dépenses accrues, diffusion stationnaire ou en régression, recettes publicitaires en baisse le plus souvent, au bénéfice de la télévision. Et il suffirait que le gouvernement ouvrît plus largement encore le petit écran aux annonceurs, en particulier celui des télévisions régionales...
D'un point de vue strictement professionnel, si l'on y ajoute les licenciements en cours ou prévisibles, il y a de quoi, certes, appeler à l'aide. Mais on arrête aussi l'exploitation de certaines mines, on licencie aussi dans le textile. Des journaux peuvent disparaître, des journalistes changer de métier ou chômer, sans que l'on juge indispensable de les protéger mieux que d'autres citoyens.
Le point n'est donc pas de savoir s'il faut « sauver la presse écrite », mais comment il est possible de préserver la multiplicité des sources d'information, en même temps que le pluralisme des opinions.
Or, dès lors que l'Etat détient le monopole de la télévision, en même temps que le contrôle des émetteurs de radio, que reste-t-il pour faire pièce à ce monopole, exécrable quel que soit le gouvernement ? La presse écrite, et elle seulement.
Encore faut-il que, pour jouer son rôle de chien de garde, elle soit elle-même libre à l'égard de l'Etat, et de tout ce que l'Etat contrôle de façon ouverte ou occulte, directe ou indirecte.
Cette indépendance sera toujours précaire, il ne faut pas se le dissimuler. La tentation sera toujours grande, pour l'homme ou les hommes au pouvoir, de la réduire aux apparences, s'ils sont en situation de le faire. Et quelle situation plus favorable que celle où l'on appelle à leur sollicitude ?
La façon dont ils céderont ou résisteront à cette tentation en dira long, en cette année pré-électorale, sur le véritable libéralisme de ceux qui nous gouvernent.
Sauver la presse, certes. Il s'agit de savoir à quel prix.
Mardi, octobre 29, 2013
L’Express
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