Refus habitants de Denver d'accueillir les JO de 1976
Le Colorado est au centre gauche.
Au centre gauche, quand on regarde une carte des Etats-Unis.
On y cultive essentiellement la métallurgie, et il ne semble pas que les habitants de l'Etat soient plus que d'autres réfractaires au sport.
Cependant, consultés sur le point de savoir si leur capitale, Denver, dont la candidature avait été retenue par le Comité international olympique, devait accueillir les Jeux d'hiver en 1976, les habitants du Colorado ont répondu à une solide majorité : « Non. »
Non, ils ne jugent ni souhaitable ni nécessaire d'investir 5 millions de leur bon argent, des dollars, dans les installations nécessaires aux exploits olympiques. Ils privent du même coup le Colorado de la subvention fédérale de 15 millions de dollars qui devait compléter l'effort local. Adieu les Jeux.
En d'autres termes, lorsque les citoyens sont directement consultés sur l'utilisation de l'argent public, c'est-à-dire du produit des impôts qu'ils payent, ils ont sur son emploi des idées saugrenues.
Payer pour que l'on coupe leurs arbres, que l'on altère irrémédiablement la beauté de leurs montagnes, et que leur capitale soit transformée en une immense brasserie à des fins qui leur apparaissent contraires à leur intérêt bien compris, ils s'y refusent. Que la neige aille se faire salir ailleurs.
Bonne ou mauvaise décision, elle ne leur a pas été imposée. Ils seront responsables de leurs conséquences. C'est ainsi qu'on apprend à prendre des décisions.
On comprend, devant ce refus, les résistances auxquelles se heurtent, en France, les supporters d'un pouvoir régional, c'est-à- dire, précisément, l'affectation de l'argent par ceux qui le gagnent, le produisent, et le fournissent. Sur place.
Les citoyens sont de petites gens. Soucieux de petites choses. Les citoyens sont dangereux. Ils croient que le moment est venu de payer pour ce qui les rend heureux. Ne nous inquiétons pas : l'affaire s'est passée au Colorado. Ces gens-là sont des sauvages.