sans titre

FG compare la situation politique britannique où le ministre de l'Intérieur, M. Reginald Maulding a été contraint à la démission en raison de ses liens avec un architecte mis en accusation pour corruption de parlementaires, à la situation française. La r
Il occupait, au gouvernement, un poste majeur, et semblait promis aux plus hautes destinées. Cinquante-cinq ans, encore jeune et déjà fort d'une longue expérience politique, bien élu, considéré comme le n° 2 du parti majoritaire, rien ne pouvait plus lui arriver que de plaisant, semblait-il.
Que s'est-il donc passé pour qu'il se retrouve soudain sur la touche? Les hommes politiques au pouvoir ou proches du pouvoir ne devraient jamais, c'est un fait, entretenir des relations personnelles avec les milieux d'affaires. Il n'est pas le premier, ni sans doute le dernier, qui risque d'y laisser sa carrière. L'occasion, l'herbe tendre, l'amitié... Il s'était lié avec un architecte. Et tout ce qui touche à la construction touche aujourd'hui, par un bout ou par l'autre, aux affaires publiques. L'architecte ne sut pas conduire ses entreprises avec toute la sagacité nécessaire, en ces temps difficiles. En état de cessation de paiements, il a fait l'objet d'une enquête. Qu'a-t-on découvert ? Que deux membres du Parlement et un haut fonctionnaire n'avaient pas dédaigné les agréments divers dont il s'était employé à orner leur existence. Soit 4 millions et demi de pots-de-vin, en échange de quelques-uns de ces services sur lesquels il est inutile de s'étendre pour que tout le monde comprenne de quoi il s'agit. Que devait faire, dès lors, le ministre ? Il a jugé qu'il ne pouvait pas demeurer au gouvernement, sans risquer de donner à dire qu'il entravait la suite de l'enquête.
C'est ainsi que l'une des étoiles du ciel politique vient de disparaître dans des conditions qui méritent, n'est-ce-pas ? d'être rapportées. Voudrait-on lui dire, comme l'un des leaders de l'opposition, qu'il a « agi selon la meilleure tradition du service public dans ce pays », il faudra timbrer sa lettre à 0 F 90.
C'est le tarif en vigueur pour la Grande-Bretagne où, depuis la semaine dernière, M. Reginald Maudling n'est plus ministre de l'Intérieur de M. Edward Heath, à cause de l'enquête sur l'affaire Poulston.
Mais tout le monde l'avait déjà compris. Ces choses-là n'arrivent pas ici.

Mardi, octobre 29, 2013
L’Express