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Critique virulente de la tendance manichéenne des grands partis en lice pour les prochaines élections : parti majoritaire et le PC. FG invite à s'interroger plus précisément sur les besoins de la société et les moyens de résoudre ses problèmes, en rejetan
Élections-Religion. Et même guerre de religion, voilà ce dont on nous menace. Le Bien absolu d'un côté, le Mal absolu de l'autre, Majorité contre Communistes, ou, si l'on préfère, Communistes contre Majorité. Huit mois avant les élections, les excommunications commencent, l'habitude ayant été prise, en France, de mettre Dieu et le Diable où ils n'ont rien à faire, c'est-à-dire dans l'organisation de la société. Qui se souvient de la façon dont les staliniens traitaient, ici, avant le XXe Congrès, les malheureux socialistes qui osaient suggérer que peut-être tout n'était pas paradisiaque au paradis soviétique, sait ce qu'est l'esprit religieux quand il infecte la politique.
De l'autre côté, nous y sommes également. Il sera bientôt impossible de critiquer tel aspect de la politique gouvernementale sans que l'on vous réponde :
« Vous préférez un régime où vous seriez interné dans un asile psychiatrique ? »
Non. Nous ne préférons pas. Mais nous préférerions sincèrement qu'à l'occasion de ces élections on puisse débattre de choses sérieuses.
Quels sont, concrètement, les problèmes les plus aigus de la société française actuelle, quelles sont les mesures les plus propres, sinon à les résoudre, du moins à y répondre, quelle organisation du travail, et dans quel modèle de croissance, permettrait de libérer la créativité des uns et les O.S. de leur chaîne, ces O.S. dont M. Edgar Faure assure qu'on parlera, dans quelques années, comme on parle aujourd'hui des enfants employés dans les manufactures du XIXe siècle?... Quels sont les malaises que la politique doit prendre en compte, et ceux qui relèvent de l'angoisse existentielle ou métaphysique, quelle dose de bouleversements la France peut-elle supporter sans entrer en crise aiguë de rejet?...
Mais dès lors que, selon le dogme communiste, tout essai de réforme est un piège tendu par les valets du capital aux serviteurs du peuple, il n'y a pas, avec eux, de débat possible.
Quant à l'actuelle majorité, il lui sera d'autant plus facile de l'esquiver qu'elle pourra évoquer aussi souvent qu'il le faudra, d'ici aux élections, les gaietés de Prague. Pour ne parler que de celles-là.

Mardi, octobre 29, 2013
L’Express