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Réflexions de FG autour de la notion de croissance et de progrès. Invite les jeunes générations à élaborer un modèle de développement permettant de parvenir au mieux-vivre collectif.
Donc, nous sommes dans un monde fini, la Terre. Nous y sommes trop nombreux, nous dilapidons ses ressources naturelles à une cadence telle que nous aurons bientôt épuisé ses matières premières, nous polluons l'air, nous polluons l'eau, nous appartenons globalement à l'espèce méprisable qui a inventé l'automobile et quelques autres produits également répugnants. Bref, si nous avions la moindre pudeur, nous draperions nos miroirs de crêpe, et, si nous possédions une once de sagesse, la stérilisation serait déjà rendue obligatoire par les Nations unies, en même temps que la bicyclette.
Il faut des usines pour fabriquer des bicyclettes ? Alors, pas de bicyclettes non plus. Pieds nus dans la rosée du matin.
Tels sont, du moins, les sentiments qu'il convient d'éprouver et d'exprimer aujourd'hui. Car il y a aussi, et combien tyrannique, une mode dans les idées.
Loin de moi la pensée que le débat qui s'est ouvert et qui se développe autour de « la finalité de la croissance » et des buts de l'expansion soit frivole. Il est majeur. Simplement, il y a deux façons de le considérer.
La première : le progrès est échec ; la machine à laver ne dissipe pas l'angoisse existentielle, au contraire, elle lui laisse le temps de s'exprimer ; le mieux-être matériel, oublié à peine est-il acquis, ne s'accompagne d'aucun sentiment subjectif de bonheur ; à être mal partagés, les fruits de la productivité agacent l'amertume plus qu'ils n'assouvissent les désirs. Alors : zéro pour la croissance.
La seconde : jamais le progrès n'a eu pour fin le mieux-vivre et le bonheur de la collectivité humaine, mais l'accroissement de la puissance de quelques-uns, le reste n'étant que retombées aveugles — fécondes d'ailleurs, mais aveugles — sur le grand nombre.
Ce qui est neuf, c'est que l'on en prenne largement conscience et que, singulièrement parmi les plus jeunes, seule la notion de progrès collectif étendu à tous, et dirigé en priorité vers le mieux-vivre, ait désormais un sens.
Reste à élaborer le modèle de développement qui permettra d'y parvenir. C'est un bon et vaste programme pour une génération. Il peut s'accommoder de colère ou d'impatience. Pas de neurasthénie.

Mardi, octobre 29, 2013
L’Express