C'est épatant de s'affronter, en 1999, à propos desprophéties d'un astrologue du XVIesiècle! Cela bardait chez Pivot, pour savoir si le ciel va nous tomber sur la tête
Réduction de la publicité, redevance inchangée, le nouveau projet de loi de Catherine Trautmann sur l'audiovisuel est timide mais ne fera de peine à personne. Il était urgent. France 2 et France 3 perdent des spectateurs. Quant aux chaînes thématiques auxquelles France 2 est associée, leur audience est nulle à côté de LCI, Odyssée ou M6 Music. Mais faut-il juger en termes d'audience? Le service public doit-il viser le plus grand nombre? Qui est-ce? La fameuse ménagère de moins de 50 ans choyée par la Une? Les retraités? Les adolescents? Il n'y a pas un public. Ce serait effrayant, d'ailleurs. Il y en a plusieurs, qui ne se couchent pas à la même heure, qui ont tous les âges, des attentes différentes. Le football fédère à peu près les hommes. Mais au fur et à mesure que les chaînes thématiques se multiplieront, par câble ou par satellite, ces publics divers émigreront là où ils se sentiront servis. Le mouvement est amorcé. Les chaînes généralistes vont régresser et non se développer. Raison de plus pour définir les objectifs du service public, la fonction qu'il doit remplir, avec quelle ambition? S'il s'agit de courir derrière l'audience de TF1 avec moins d'argent, ce n'est pas la peine de se fatiguer. S'il s'agit de faire de l'élitisme, on touchera 3% du public. S'il s'agit de faire du neuf avec une réelle aspiration à la qualité, allons-y? et que les mânes de Pierre Desgraupes inspirent le futur patron de la télévison publique. «Direct» sur la Deux, veut être une «grande» émission politique. Grande, elle l'est. Par la taille. Interminable. Dominique Strauss-Kahn, mis sur le gril tout au long par une flopée d'interlocuteurs, montra une fois de plus sa maîtrise. Opposé à lui, François d'Aubert, député de Démocratie libérale, ne jouait pas dans la même catégorie. L'impôt fut au centre de la soirée. Le prélèvement à la source? Ce serait, selon DSK, excessivement compliqué. Qui peut croire que l'administration est incapable de surmonter cette complication-là? Il est vrai qu'elle est plus habile à en créer qu'à en supprimer. Guerre plus Corse, on a sondé les Français pour mesurer ce qui reste de popularitéà Jacques Chirac et à Lionel Jospin. Elle n'apas fléchi : 66%, 68%. Pour l'heure, l'attelage est reconduit. On verra plus tard si l'on veut changer. Arlette et son colistier Alain Krivine en duo à «Polémiques». Elle est toujours charmante et elle a même un peu renouvelé son vocabulaire. Krivine? il y a cent ans qu'il rame pour faire la révolution. Ça rate toujours. Mais si Arlette lui tient la main, à eux deux ils réussiront peut-être à rafler les électeurs fatigués d'attendre, eux aussi, le grand soir. Planète exhume un vieux et précieux entretien en plusieurs volets avec Philippe Soupault, l'un des premiers surréalistes de la bande à Breton. Humour, autodérision, flot d'anecdotes, improvisations de Prévert : «Bordel pour bordel, je préfère le métro. D'abord c'est moins cher, ensuite c'est plus chaud.» A suivre. C'est épatant de s'affronter, en 1999, à propos de Nostradamus! Cela bardait chez Pivot, entre érudits, pour savoir si le ciel va nous tomber sur la tête ou si l'interprétation de ses quatrains aberrants relève de fantasmes récurrents. Il faut s'attendre, à bref délai, à une invasion islamiste ou à la fin du monde. Comme c'est fragile, les cerveaux d'hommes, pour aller mettre sa foi dans les prophéties de Nostradamus ! Même les Japonais ont été contaminés! F. G.
Jeudi, mai 27, 1999
Le Nouvel Observateur