Mikhaïl Romm

« Neuf jours de l'année » de Mikhaïl Romm. Film qui n'a rien de commun avec tout ce qui vient d'URSS.
MOSCOU

Mikhaïl Romm

Quand les Russes tournent à l'américaine.

L'emmerdeuse vient de faire son entrée dans le cinéma soviétique. Et ce serait un mince événement, si cette entrée n'avait lieu dans un film qui n'a simplement rien de commun avec tout ce que nous avons vu jusqu'à ce jour venant d'U.R.S.S.
A certains égards, on pourrait presque croire, en voyant « Neuf jour d'une année », de Mikhaïl Romm, que l'on assiste à un film « bourgeois » tourné à l'américaine. L'héroïne est une jeune personne élégante et piquante, dont le cœur balance entre deux physiciens. Et pas seulement le cœur. Physicienne elle-même, elle est cependant beaucoup plus préoccupée de sa personne et du désir qu'ont, paraît-il, toutes les femmes de trouver un mari, que de la passion des molécules. Elle fait des scènes, elle a des caprices, elle quitte l'un, elle prend l'autre, et tout cela se déroule mezzo-voce, sans drame, sans lyrisme, sur un ton d'humour un peu las et presque sophistiqué. Nous voilà aussi loin d'« Anna Karénine » que des « Cigognes ».
Mais ce n'est là qu'un aspect de ce film étonnant dont l'action se déroule essentiellement au sein d'une cité atomique. La désinvolture des jeunes scientifiques dont l'un à la grâce et la nonchalance de Mastroianni, la façon dont ils discutent et situent leurs problèmes, sans emphase et sans illusion, leur ironie d'intellectuels à l'égard « des imbéciles », tout cela reflète-t-il une réalité soviétique, sinon la réalité soviétique ? Sans aucun doute. Sinon un tel film n'eût pas connu, à Moscou, un triomphe et n'aurait pas franchi les frontières.

Un petit jeu

Nous y reviendrons, lorsqu'il sera projeté en France, et que vous pourrez juger par vous-même ce document passionnant et éloquent sur l'évolution des mœurs et de l'état d'esprit d'un secteur au moins de la société soviétique.
Pour le moment, les conditions de la sortie du film ne sont pas encore réglées. Et nous proposons à votre perspicacité un petit jeu : des deux photos de femmes qui illustrent cette page, laquelle est tirée, selon vous, du film soviétique, laquelle d'un film français dont nous vous parlons ci-contre ? Vous avez compris que la photo russe est celle de gauche. Mais, honnêtement, l'auriez-vous deviné ?

F. G.

Mardi, octobre 29, 2013
L’Express