Quelqiues semaines après la prise du pouvoir en Iran par l'ayatollah Khomeiny qui séjourna plusieurs années en France, FG plaide pour que la France soutienne l'ancien premier ministre Amir Hoveyda, admirateur de la France.
Il y a trois ans, à quelques semaines de distance, deux hommes recevaient, chacun, à dîner, dans le même grand hôtel parisien, le Premier ministre du moment et quelques membres du gouvernement français. Dîner officiel, grand apparat.
Ces deux hommes sont aujourd'hui en prison.
L'un, Ali Bhutto, qui gouvernait le Pakistan, attend sa condamnation à mort qui doit être prononcée cette semaine. Sa fille caressait un rêve : rencontrer Alain Delon. L'autre, Amir Hoveyda, était Premier ministre d'Iran. Arrêté il y a quelques mois par le chah qui espérait détourner sur lui la colère du peuple, on ne sait rien de son sort.
Ce sont les risques d'un métier toujours riche d'imprévu. Les gouvernants étrangers superstitieux seront néanmoins tentés de choisir un autre hôtel pour recevoir, à Paris.
Il se trouve qu'Amir Hoveyda a constamment usé de son pouvoir pour favoriser notre pays dans ses relations industrielles, commerciales, culturelles avec son pays. Parce qu'il aimait la France d'amour.
Cela ne nous autorise pas à nous immiscer dans les affaires intérieures de l'Iran, mais il se trouve aussi que nous y avons mis au moins le petit doigt.
Quotidiennement, pendant qu'il séjournait en France, l'ayatollah Khomeiny a enregistré sur cassette un « elamieh », un bulletin d'instructions données à la population chiite de son pays. De Neauphle-le-Château, on appelait alors au téléphone le quartier général khomeinien situé à Qom, en Iran. Le contenu de la cassette, placée à côté du récepteur, était enregistré là-bas sur magnétophone, reproduit par milliers d'exemplaires distribués aux chiites de la ville.
En même temps, l'elamieh était retransmis par téléphone aux 9.000 mosquées disséminées sur le territoire, enregistré, transcrit et distribué.
Remarquable combinaison de théocratie et de technologie.
Pour prêter la main à ce téléphone noir, au service d'un chef révolutionnaire, les autorités françaises ont eu, sans nul doute, de puissantes raisons.
Ne pourraient-elles en trouver une pour que, eu égard à leur mansuétude, la vie d'Amir Hoveyda soit sauve, s'il est temps encore. Une vie ce n'est rien, dans ce jeu d'enfer, et les Etats n'ont pas d'amis. Mais rien ne vaut une vie.
Il est vrai qu'on ne sait pas encore qui tient en Iran les clefs des prisons. Et qui s'y trouvera demain.
Mardi, octobre 29, 2013
Le Journal du dimanche
politique étrangère