Pédophile, Cohn-Bendit? Allons donc! Et pourtant, ses affirmations à la mode de 68 risquent de lui coûter cher
A se pencher, il y a vingt-cinq ans, sur la sexualité des enfants ? c'était à la mode ?, Daniel Cohn-Bendit a pris un méchant coup. On l'a vu, pathétique, au Journal de TF1, traînant comme un boulet cette pédophilie dont il s'est affublé lui-même. Pour autant qu'on puisse jurer à propos de la sexualité des autres, Cohn-Bendit n'a jamais été pédophile, il n'a jamais violé ni caressé des petits garçons. Il est m'as-tu-vu. Aucun rapport. Il a été le plus turbulent porte-voix de cette mouvance intellectuelle libertaire où s'inscrivaient de grands noms, Foucault, Deleuze, Barthes, convaincue que le grand malheur de l'homme vient de la répression qu'il subit et des censures de toute nature qui accompagnent l'ordre social. Nous devons tant ? particulièrement les femmes ? à la dilution de ces censures, de quelques-unes en tout cas, qu'il faut dire merci à ceux qui ont aidé à les abolir. Cela n'enlève rien à l'irresponsabilité consternante des propos anciens de Cohn-Bendit, qui risquent d'entamer sérieusement son crédit. Il reste peu de tabous dans notre corps social, après tant de barrières abattues, d'interdits levés. Le tabou de la pédophilie, vigoureux, pourrait faire rentrer ses paroles dans la gorge au meilleur des Verts. La musique, c'est ce qu'on ne peut pas dire avec des mots. Douce surprise : un documentaire de Planète a égrené une série de dix ou douze des chefs d'orchestre illustres, de Toscanini à Karajan, travaillant avec leur orchestre, impérieux, autoritaires, tyranniques. Mais on comprend ce qu'ils exigent de leurs musiciens parce qu'ils le miment, le chantent parfois. Ces grands chefs, on ne les a quasiment connus que de dos. Là, on les a découverts de face, Toscanini furibond, Bernstein gesticulant, Karajan glaçant, Stokowski théâtral. N'est-il pas étrange que les princes de la musique soient les chefs alors que ce sont les exécutants qui la produisent? William Karel est un excellent documentariste. Cependant, répéter pendant une heure que François Mitterrand était malade et que son médecin faisait de faux bulletins de santé, c'est monotone. Y a-t-il encore quelqu'un pour l'ignorer? Ce médecin, le docteur Claude Gubler, était omniprésent à l'écran. Que penser d'un médecin qui fait des faux pendant des années et court ensuite chez un éditeur pour négocier son intimité avec son illustre malade? Seule information qui n'a pas traîné: en 1990, François Mitterrand a décidé de démissionner. Le communiqué destiné à préparer les esprits à cette décision allait partir. C'est Michel Charasse qui aurait persuadé le président, in extremis, de l'arrêter. François Mitterrand, sa vie, son œuvre, ses mensonges, la nature de son talent ne sont pas épuisés dans ce document maigrelet (France 3). Dominique de Villepin, secrétaire général de l'Elysée, a du panache, une plume et un intérêt passionné pour le personnage de Napoléon, surtout l'avant-dernier, celui qui, après avoir tenté de se suicider, mais le poison était éventé, mijote à l'île d'Elbe puis part à la reconquête de la France. Ce seront les Cent-Jours, période confuse, décisive, aux péripéties mal connues, où grouillent les frileux plus que les courtisans. C'est alors que, selon Villepin, Napoléon va «se sacrifier?». On peut faire plusieurs lectures de ce livre, «les Cent-Jours ou l'esprit de sacrifice» (Perrin), et même le calquer sur le présent. Dominique de Villepin a une vision quasi gaullienne de la France, de sa vocation à la grandeur, et une foi démocratique roborative. Sont-elles opérationnelles là où il est? C'est une autre question (LCI). Qu'est-ce que les enfants demandent avant de s'endormir? Raconte-moi une histoire. Qu'est-ce que le public demande pour ne pas s'endormir? Raconte-moi une histoire. Après quelques années où les auteurs français ont vidé les salles, de nouveaux venus semblent renouer avec cette vieille leçon, socle du cinéma américain. Le palmarès des Césars a salué ce sursaut en distribuant des lauriers mérités à des films pleins de talent. La soirée, elle, a été sauvée par la douce folie de Darry Cowl (Canal+). Jack Lang au «Grand Jury»: un numéro de grand style. Il m'a presque convaincue qu'il faut impérativement enseigner la langue corse aux enfants de l'île de Beauté, qui sont déjà 70% à l'apprendre à l'école (LCI). F. G.
Jeudi, mars 1, 2001
Le Nouvel Observateur