Editorial n°1047

Alors que les pouvoir public se sont décidés à lutter contre l'essor des usagers des drogues dures, FG dénonce les méthodes qui prônent la délation.
L'année dernière, il était déconseillé d'en parler. Cette année, il paraît que c'est un devoir national. En vérité, il semble que personne ne soit capable de dire s'il convient, ou non, de donner publicité aux ravages que provoque l'usage croissant des drogues « dures » en France par les jeunes gens.
Simplement, la discrétion relative et l'optimisme officiel ayant été inopérants, on a décidé, au niveau du gouvernement, de dramatiser plutôt que de minimiser. Et, d'ailleurs, il y a de quoi, toutes les informations convergent pour le prouver.
Longtemps on a cru que les Français resteraient à l'abri de l'intoxication par la drogue, parce que, de la gastronomie à l'amour, ils s'autorisaient plus libéralement que d'autres peuples des plaisirs, en y mêlant juste la dose de culpabilité nécessaire pour les trouver d'autant plus savoureux. Nous n'avions, semble-t-il, qu'un peu de retard, retard que la jeunesse est tristement en train de combler.
Mais quand nous aurons claironné que les drogues, c'est bien dangereux savez-vous, quand, à l'instigation de M. le ministre de l'Intérieur, quelques bonnes personnes auront dénoncé le fils du voisin, nous n'aurons pas apporté le début d'une réponse à l'angoissante question : comment empêcher un jeune homme, une jeune fille, de succomber à la tentation qui, aujourd'hui, les guette partout, et d'y prendre plaisir avant de s'enchaîner à ce plaisir le plus souvent dégradant et parfois mortel ?
Supprimer la tentation, c'est-à-dire le trafiquant, c'est la fonction des Pouvoirs publics et de la Police. Donner la volonté et la force d'y résister, c'est le rôle de qui ? On ose à peine écrire : des parents, tant les malheureux sont à la peine, aujourd'hui, plutôt qu'à l'honneur.
Mais quand les adultes n'ont rien d'autre à transmettre, aucun savoir, aucun modèle, aucune morale, aucun idéal dont les jeunes gens acceptent d'être les héritiers, il reste ce qui ne sera jamais totalement dévalué : le respect de soi.
Rien ne m'ôtera de l'idée que la délation, désormais instituée officiellement, va à rencontre du respect de soi. Et que les enfants des délateurs risquent d'être les plus prompts à choisir, par réaction, de « se défoncer ».

Mardi, octobre 29, 2013
L’Express