Castro-Bush, même combat

Depuis vingt ans, le Lider maximo n'a rien fait, sauf rétablir la peine de mort!
Inondations plus fièvre aphteuse? Elle avait triste figure, notre France, ces derniers jours. A Paris, au moins avions-nous un peu de ciel bleu dans la tête. Qui eût dit il y a six mois que Chirac et son parti perdraient leur tirelire? Ce procès Elf, ce qu'on en sait, du moins à travers les médias, laisse une impression désastreuse. Sirven devait faire sauter la République. Il a choisi de faire la sieste à la Santé. Le patron d'Elf, lui, ne savait rien. Rien. Un pur esprit au-dessus des contingences, voyez mes comptables. Quant aux comptes en Suisse de Christine Deviers-Joncour, le mystère demeure sur la nature exacte des services qu'Elf rétribuait. Mata Hari ou Frou-frou? Après des années d'instruction par deux juges teigneux, on se retrouve, les oreilles rebattues par cette affaire et par l'infamie proclamée de Roland Dumas, aussi ignorants sur les délits commis par chacun qu'au premier jour. Seule surnage dans le discours du substitut une ineffable paire de bottines. Un film a été tourné clandestinement à Cuba pendant le procès où trois officiers, dont Antonio de la Guardia, furent condamnés à mort. Motif : trafic de drogue sur une grande échelle, qui révoltait le peuple. C'était un document extraordinaire diffusé ici par Arte. Or ces trois officiers, héroïques dans plusieurs circonstances, très populaires, dévoués au régime, obéissaient aux instructions de Fidel Castro en fournissant aux trafiquants de drogue la logistique nécessaire à leurs opérations. Et ceux-ci payaient en dollars dont l'île avait tellement besoin. Les trois accusés reconnurent les faits, sans mettre Castro en cause. Dans le film, on le voyait présider une réunion du jury, expliquant à chacun qu'il convient de voter la mort des inculpés. Il les fit en somme proprement assassiner. Aujourd'hui, Ileana, fille du colonel Antonio de la Guardia, a quitté Cuba et publie à Paris «le Nom de mon père». Elle est venue en parler avec Edwy Plenel sur LCI. Elle pose, dit-elle, un regard «critique et dur» sur Castro. Ce qui était bien dans l'île : l'éducation, la santé. Mais depuis vingt ans il n'a rien fait sauf rétablir la peine de mort, cette horreur qui avait été abolie, et aujourd'hui il rampe aux pieds des investisseurs étrangers. C'est ça, la révolution? Qui aurait dit il y a trente ans que Fidel Castro et George Bush se rejoindraient sur la peine de mort? Dans le laborieux salmigondis de «Nulle part ailleurs», sur Canal, a surgi un soir un petit monsieur, Hector Obalk, qui s'est mis à parler de peinture. Les dessins d'Egon Schiele, la Descente de croix de François Boisrond et de quelques autres. On rêve ou quoi? Ce n'était pas mal du tout! «Le Dessous des cartes» a dix ans. Quiconque a vu l'émission de Jean-Christophe Victor sait qu'elle ne ressemble à rien et que c'est une véritable réussite. En s'aidant uniquement de cartes et de solides connaissances en géopolitique, JCV décrit, raconte, fournit dans une langue sobre et claire tous les éléments nécessaires à la bonne compréhension d'un point chaud du globe. C'est de l'excellente pédagogie pour addicts évolués. (Arte). Un revenant au «Grand Jury», Alain Juppé. Immuablement chiraquien, obstinément intelligent et fin analyste de la situation pré et post-présidentielle. S'imagine-t-il à nouveau Premier ministre? «Ah non! Jamais? J'ai été vacciné, je suis guéri?» Et, feignant l'humilité: «Je ne suis qu'un élu de province?» Ce bloc d'orgueil aurait-il fondu au soleil de Bordeaux? Improbable. F. G.

Jeudi, mars 29, 2001
Le Nouvel Observateur