T.V. Pâtée ou T.V. Culture ?

Face à la forte augmentation de la consommation de la télévision chez les plus jeunes, FG déplore qu'il n'existe pas de programmes éducatifs à la télévision, contrairement aux Etats-Unis.
T.V. PATEE OU T.V. CULTURE ?

par Françoise GIROUD

La télévision traite les adultes comme des enfants et les enfants comme des chiens. On leur donne la pâtée. Pendant ce temps, ils se taisent. Faut-il s'inquiéter des proportions qu'a prise la consommation télévisuelle chez les plus jeunes ? 23 heures par semaine en moyenne ? Selon les meilleurs spécialistes — en particulier Bruno Bettelheim — non. La télévision, c'est un bain, souvent fétide, dans lequel l'enfant barbote et dont il ne retient rien ou presque. Pour qu'il en retire une « information », il faut qu'un adulte en parle avec lui.
Notons, en passant, que pour cette raison, loin d'être un instrument d'égalisation entre les enfants, la télévision accuse l'écart entre ceux qui sont plantés devant, seuls, sans aucun échange avec les parents, et ceux qui en retirent des connaissances parce que cet échange a lieu.
Selon Bettelheim, donc, ce que j'appellerai la télévision-nourrice, celle à laquelle on confie les enfants pour qu'ils se tiennent tranquilles, ne laisse, au pire, pas d'empreinte sur les jeunes spectateurs.
Si affligé que l'on soit par ce qu'ils regardent, il n'y aurait donc pas lieu de s'en alarmer. En revanche, on peut se désoler de l'incapacité qu'elle manifeste à jouer un rôle positif.
Elle pourrait être un puissant instrument de culture pour les 8-12 ans si elle leur racontait, par exemple,
l'histoire de France, celle de l'Europe, l'histoire des sciences... Les grands personnages ne manquent pas, les aventures non plus... Encore faudrait-il avoir la volonté d'en parler, de s'adresser aux enfants en les divertissant tout en les respectant.
Cette volonté, on la chercherait en vain, en France.
On est obligé de constater, tristement, que les Américains, oui, les Américains ont des dizaines de programmes éducatifs télévisés à travers le pays, là où nous n'en avons aucun. C'est la télévision, en particulier qui enseigne le civisme aux petits Américains, à travers des programmes qu'ils adorent. Ici, nous leur donnons des dessins animés japonais. Curieuse conception de la mission d'un service public, que cette carence s'agissant des jeunes spectateurs... Passe que les chaînes privées, le nez dans leur tiroir-caisse, diffusent n'importe quelles niaiseries à l'usage des enfants. Mais nous avons encore un secteur public, que diable !
Le ministre de la Communication, Mme Tasca, a exprimé sa volonté de voir les choses changer à cet égard, et il semble qu'elle en donnera solennellement mission à Antenne 2.
Il est rarement bon qu'un ministre se mêle des programmes de la télévision, mais en l'occurrence, on s'en féliciterait !

Mardi, octobre 29, 2013
La voix des parents