Sans titre

Pouvoir des leaders des Etats occidentaux qui s'amenuise. En temps de crise, appel la venue de grands leaders « transformateurs d'énergie ».
Le Pouvoir, en France, se délite. Aux Etats-Unis, il se désagrège. En Allemagne, il s'amenuise. En Grande-Bretagne, il s'épuise. Pour des raisons différentes, mais qui, c'est bien fâcheux, coïncident dans le temps, les leaders du monde occidental, industriel, développé, peu importe comment on le nomme, les leaders du monde auquel nous appartenons semblent tous à bout de souffle.
Peut-être l'avaient-ils court ? Toujours est-il que, de ce côté-là, la pénurie est sévère, plus inquiétante encore que l'autre.
Reconnaissons que ce n'est pas un métier, aujourd'hui, de gouverner une nation industrielle, laïque et alphabétisée depuis plusieurs générations, c'est-à-dire indocile aux incantations.
Qui ne s'y épuiserait ? On ne peut guère y employer la force. Il ne reste que la confiance. Avoir toujours et partout la moitié des citoyens contre soi, bruyamment, cela se supporte. A condition que, silencieusement, une bonne partie de cette moitié-là fasse, néanmoins, confiance à celui qui conduit les affaires du pays. C'est cela, une vraie majorité. Où est-ce le cas, en Occident, aujourd'hui ?
Il est clair qu'aucun chef d'Etat ou de gouvernement, pas même M. Willy Brandt, qui donna un temps de l'espoir, n'a en ce moment les moyens, la situation politique et morale, le soutien dans son propre pays d'un leader capable de capter les énergies occidentales dans leurs gisements et de les guider vers des objectifs simples et généralement admis.
Chacun ses gisements et ses matières premières. Les nôtres en valent bien d'autres. Mais qui les mobilisera et à quelles fins ?
Il ne s'agit pas d'espérer que quelque homme providentiel se manifeste, ici ou là, auquel le soin serait remis de penser pour tous. Les grands leaders ne sont pas des grands sorciers. Ce sont, simplement, des transformateurs d'énergie. Avec des courants négatifs, ils font des forces positives.
Il y faut un talent particulier. Les bons ministres n'ont que des capacités. En temps de crise — et l'Occident tout entier y est entré — cela fait toute la différence.

Mardi, octobre 29, 2013
L’Express