sans titre

Au coeur de l'affaire Dega, FG compare la réaction d'hommes politiques américains, anglais et français face à la révélation de leurs revenus. Elle ironise ainsi sur le comportement du Premier ministre, Jacques Chaban-Delmas, prisant peu la transparence.
Imaginez ceci. M. Chaban-Delmas est anglais. Le jour où l'un de ses bons amis communique à un journal sa feuille d'impôt, il offre sa démission à la Reine. Monte à la tribune du Parlement. Et décrit, dans le détail, le montant et l'origine de sa fortune s'il en a une, les éléments de son train de vie, les conditions dans lesquelles il est imposé.
Il fait, d'autre part, à la télévision, la même démonstration à l'usage de l'ensemble de la nation. Et, très vraisemblablement, celle-ci le trouve sympathique, et courageux, dans ses explications. Elle l'acquitte. Il reste Premier ministre et sa popularité monte de cinq points dans le mois suivant.
Imaginons maintenant qu'il soit américain. Il loue une heure de télévision, s'y présente, avec sa femme, ses enfants et son chien. Il raconte sa vie, ouvre son carnet de comptes et celui de son épouse... C'est ce que M. Richard Nixon a fait il y a quelques années, alors, qu'il se trouvait en situation délicate. On sait ce qu'il en est advenu : il est président des Etats-Unis.
Mais M. Chaban-Delmas est un homme politique français. Quand un journal le malmène, il pense qu'il s'agit de méchantes gens. D'autant plus que ça ne lui est jamais arrivé. Quand on lui pose une question sur la composition et la nature de ses revenus, il pense que l'opposition orchestre une campagne. Plût au ciel que l'opposition soit en situation d'orchestrer quoi que ce soit.
Et voilà qu'aujourd'hui personne ne sait plus ce qu'a fait M. Chaban-Delmas, ni même s'il a fait quelque chose qui soit répréhensible. Simplement émane soudain de lui un parfum de défaite.
C'est ce qui pouvait lui arriver de plus fâcheux.
Le problème va être, maintenant, pour le président de la République, particulièrement ardu : comment trouver, dans la majorité, un Premier ministre qui ne bénéficie pas de l'avoir fiscal ?

Mardi, octobre 29, 2013
L’Express