sans titre

FG critique le manque de solidarité européenne face à l'annonce de l'embargo pétrolier que les pays de l'OPEP ont imposé à la Hollande.
Punis, les Hollandais. Ils ne rouleront plus le dimanche. Et peut-être plus en semaine.
Ce pays, petit par la taille, grand par le caractère, on l'a vu pendant la dernière guerre mondiale, a eu l'impertinence de croire à sa souveraineté, et d'annoncer des sympathies qui ne sont pas les bonnes, en ce moment.
En privant la Hollande de pétrole par mesure de rétorsion, les pays arabes exercent leurs droits. C'est de leur pétrole qu'il s'agit. Mais il existe une Communauté européenne économique, au sein de laquelle nous sommes théoriquement tenus à la solidarité. Jusqu'à présent, tout indique qu'en fait de solidarité nous nous conduisons avec la Hollande de 1973 comme avec la Tchécoslovaquie de 1938. Un traité ? Cela s'interprète. Nous n'allions pas, quand même, mourir pour les Sudètes. Nous n'allons pas, quand même, rouler à bicyclette à cause des Hollandais.
En 38, ce fut Munich. Toutes choses égales, c'est un Munich économique qui est en train de se jouer.
Après... L'hypothèse optimiste veut que l'Europe ait eu besoin d'un choc pour se coaguler, et qu'à l'avenir... Retenons-la, par principe. Mais, dans l'immédiat, c'est l'abdication devant la menace, MM. Pompidou et Heath sous leur tapis, comme naguère MM. Daladier et Chamberlain.
Il ne s'agit pas d'une menace négligeable, il est vrai. La pénurie de pétrole dans un pays moderne, c'est plus que la limitation de la circulation. Mais il faut, comme toujours, choisir entre des inconvénients.
Les conséquences matérielles du respect des accords communautaires, et simplement du respect de soi, peuvent être mesurées. Mais les conséquences morales du reniement et du mépris de soi, comment cela se mesure-t-il ? Et comment cela finit-il ?
Il est évident que le chef de l'Etat se fait une certaine idée des Français et de leurs exigences prioritaires : la bagnole et la bouffe, selon les termes désormais consacrés. Mais qui sait quelles sont les exigences prioritaires d'un peuple et de quoi est fait un certain malheur collectif ?
Entre la fausse grandeur et la vraie bassesse, il est improbable qu'il n'y ait pas place pour la simple dignité.

Mardi, octobre 29, 2013
L’Express