sans titre

FG dénonce la monopolisation de la parole lors débat qui se déroule dans les médias autour de l'avortement par les hommes. Dénonce la répartition sexuée des tâches qui ont prévalu depuis des siècles : aux hommes, la gestion des affaires publiques, aux fem
— Le Révérend Père pense que...
— M. le Professeur a raison...
— Mais non, monsieur le Doyen...
— Mais si, monsieur le Ministre...
— Ce n'est pas ce que dit monsieur le Pasteur...
— Je crains, monsieur le Président...
Personne n'est plus que moi persuadée qu'il faut vivre avec les hommes, et non contre les hommes, ne fût-ce que pour l'agrément de nos jours. Mais il y a, on en conviendra, quelque chose de saisissant dans la tournure qu'a prise, à travers la presse écrite et parlée, la controverse au sujet de l'avortement. La voilà soudain muée en débat entre notables du sexe masculin.
Ainsi éclate, dans la situation la plus propre à impliquer les femmes, le fait que toutes les décisions concernant la collectivité nationale continuent d'être prises par des hommes et par eux seuls. Est-ce bien raisonnable ?
Plus de la moitié du corps électoral, plus du tiers de la population active, et pratiquement aucune représentation au cœur des organismes de décision, est-ce bien raisonnable ?
La participation aux affaires publiques, ce n'est pas une revendication que les femmes formulent largement. Et elles ont sans doute leur part de responsabilité dans le fait qu'elles n'en reçoivent guère. C'est que tant de conditions doivent être réunies...
Et puis, on ne secoue pas en une génération, ni même en deux, le poids des siècles, et la division du travail a été longtemps une loi non écrite.
Aux femmes le concret, le quotidien, la prise sur la vie et le soin de sa conservation. Aux hommes l'abstrait, la projection dans l'avenir, l'entreprise, l'imagination.
Les femmes avaient la charge de l'intérêt immédiat de la cellule familiale. Les hommes, seuls, se préoccupaient des intérêts de la collectivité.
Qu'on attribue cette situation millénaire à la biologie ou à la culture, à un complot universel des hommes, à l'insuffisance congénitale des femmes ou à des raisons plus subtiles, peu importe. Laissons le passé.
Aujourd'hui, monsieur le Professeur, monsieur le Doyen, monsieur le Président, aujourd'hui, si vous avez un grain de raison, vous ne laisserez pas à M. Jean Foyer le soin de décider, sans les consulter, comment les Françaises avaleront la pilule.

Mardi, octobre 29, 2013
L’Express