Pas intéressant, Tournier?

C'est ce qu'il a dit de lui-même chez Pivot. Sa prestation prouvait bien le contraire!
Les impôtsd, directs ou indirects vont-ils baisser, oui ou non? La Marche du siècle" sur la fiscalité, à laquelle participait le ministre des finances, des techniciens, dont une jolie personne, et François Hollande pour le PS, étaità y perdre son latin.Jonglant avec les milliards et les pourcentages, la déflation et l'inflation, les dépenses et les recettes, l'impôt progressif ou proportionnel, direct ou indirect, juste ou injuste, les abattements et leur suppresion, ces éminents spécialistes, nous farcirent la tête sans que surnage une idée simple à laquelle se raccrocher. Le ministre nous bassinait avec de grands mots, justice sociale, cohésion nationale, lutte contre les inégalitéd, mais où était-ce dans les chiffres? c'est toujours déprimant de se sentir bête. Ce fut le résultat le plus clair de ce débat. La télévision s'est vautrée dans le voyage du pae avec une délectation manifeste. On en avait par-dessus les oreilles. Cependant, ni papolâtre ni paporaphobe, il fallut bien constater que Jean-Paul II ne tombait dans aucun des pièges de ses intégristes. On en peut qu'admirer ce doigté. Et maintenant, Clovis out! L'émission de Jean-Luc Morrandini, "tout est possible" n'est pas de celles qu'on songerait à recommander. Mais une vilaine curiosité aidant, on avait envie de voir la créature, Fili, qui a détruit le bonheur de Stéphanie de Monaco. Eh bien la coquine, également connue sous le nom de miss seins nues Belgique, nous en apprit de belles. Le malheureux prince consort étouffait dans ses habits dorés. Opprimé, il était. Au point qu'on l'empêchait de porter ses cheveux longs. Fili le délivra en le laissant plonger tout nu dans la piscine de sa maison. Il l'appelait son " petit coin de ciel bleu". " C'était tellement bon, murmura-t-elle, que je n'arrivais pas à me sentir coupable." Les Grimaldi ne s'en sont pas encore remis. Ce sont les héros à la mode, Mulder et Scully, les deux champions du FBI qui font les beaux jours de la série américaine "Aux frontières du réel" (M6). Pourquoi le succès, international, de cette série? C'est ce qu'"Arrêt sur images" a entrepris de disséquer, en compagnie de Jacques Attali. D'abord, "on y croit". Ensuite, la série utilise le discours scientifique. Ensuite elle développe la thèse selon laquelle " ils nous écrasent. Un complot gouvernemental écrase les braves gens comme vous et moi. Là , on rejoint une obsession américaine. Malgré le succès de la série, ou à cause de lui, Attali a fait remarquer combien elle peut être nocive en accréditant cette notion d'un groupe malfaisant sévissant au coeur de la société. Hier, c'était les rouges? Demain, ce sera les juifs. En attendant, " Aux frontières du réel" fait sauter les Audimat. Michel Tournier écrit peu mais bien. "Eléazar ou la Source et le buisson" est son premier livre depuis quatre ans. Il parle bien de lui, aussi.Sans formanterie. "Je n'ai pas de personnalité, je suis un petit artisan, je fabrique dans mon coin des objets." Collé à l'agrégation de philo, il a mis dix-sept ans à s'en remettre et à trouver sa voie, l'écriture, avec le bonheur que l'on sait et l'audience des plus jeunes. Parce qu'il met les contes de Perrault au-dessus de Racine, et Jules Verne au-dessus de Proust. Pourquoi se découvre-t-il si peu dans ses livres? Parce ce qu'il ne se trouve pas intéresant. Il n'est pas, dit-il, comme François Nourissier ou Philippe Labro, qui se trouvent intéressants. Avec l'assentiment de leurs lecteurs, disons-le à sa place. Et pourquoi ses livres sont-ils de plus en plus courts? Parce que "en vieillisasant, ou vous prenez du lard et vous pourissez, ou vous vous désséchez. En prenant de l'âge il faut écrire sec." Son numéro à "Bouillon de culture" était parfait. Charles Pasqua à "7 sur 7", aiguillonné par Anne Sinclair : il ne voit que désespérance et inquiétude dans le pays. Son concubinage avec Alain Madelin? "Je ne vois pas en quoi nos positions sont différentes" Qu'est-ce qui ne va pas dans la politique du gouvernement? Rien ne va. "Juppé est susceptible. Il prend ce que je dis pour des attaques personnelles. Mais le principal responsable c'est le président de la République" Charles Pasqua est-il dangereux ou inoffensif? Avide de pouvoir ou désintéressé? Comme u gros chat, il griffe de plus en plus fort. Sûr qu'un jour ça va saigner. F.G "

Mercredi, septembre 25, 1996
Le Nouvel Observateur