L'O.A.S se trompe de portes

Appartement de Hubert Beuve Mery visé par un attentat à l'explosif. dénonce les procédés de l'OAS, qui a fomenté cet attentat.
Les valets du plastic ont pris, cette semaine pour cible, l'appartement de M. Hubert Beuve-Méry, directeur du « Monde ».
Mais ils se sont trompés de porte, dans tous les sens du terme. Personne ne peut plus sûrement que lui s'irriter qu'on prétende le convaincre par ce genre d'argument.
Les livreurs à domicile de l'O.A.S. ne méritent guère que l'on s'étende sur leur cas. Tous les pays ont une réserve plus ou moins fournie de dévoyés, chômeurs de la violence, besogneux de la haine, prêts à tous services pourvu que le danger soit nul.
Ceux qui leur passent commande sont plus intéressants.
Que cherchent-ils ? Des victimes ? Pas encore, semble-t-il, du moins en métropole. Quand ils en font, certes, ils se consolent. On l'a bien vu pour le maire d'Evian. Mais trop
d'actions meurtrières pourraient indigner, émouvoir, mobiliser. Et puis, à Paris, où ils n'ont pas le pouvoir, le terrorisme exige un affreux courage. On ne vit pas vieux dans le métier.
Non, ce qu'ils cherchent dans l'immédiat, c'est à transformer, par la peur, les gaullistes en attentistes. On leur demande un peu brutalement de s'asseoir, comptant qu'ils se coucheront.
Avant M. Beuve-Méry, MM. Pierre Brisson et Louis Gabriel-Robinet (« Le Figaro »), M. Pierre Lazareff (« France-soir ») — pour ne parler que des responsables des organes d'information — ont déjà fait l'objet de leurs soins.
On peut compter qu'ils s'en souviendront. Mais pas pour céder au chantage.
Merci a l'O.A.S.

Mardi, octobre 29, 2013
L’Express