La fracture de l'illettrisme

FG fait l'éloge de la méthode novatrice du neurologue Gelbert pour combattre illettrisme. Engage le Président de la République et les ministres à promouvoir ces méthodes.
Parmi des soucis plus pressants, le président de la République se dit préoccupé par l'illettrisme.
Immense problème qui concerne des centaines d'enfants incapables de lire et d'écrire, des centaines d'adultes que leur infirmité exclut littéralement de la société.

Beaucoup de gens se donnent beaucoup de mal pour en venir à bout, avec des résultats à peu près nuls. Toutes les raisons sont invoquées : classes surchargées, instituteurs débordés... On connaît la chanson.
L'extraordinaire est l'ignorance où semblent se tenir les responsables de l'Éducation et de la Santé publique face aux origines réelles de l'illettrisme. Elles ont été, cependant, décrites on ne peut plus clairement par un médecin neurologue, le docteur Gisèle Gelbert, qui a consacré sa vie à ce problème.
Dans nombre de cas, l'illettrisme résulte d'une atteinte des circuits cérébraux permettant l'apprentissage de la lecture et de l'écriture. Par la rééducation de ces circuits, on obtient des résultats spectaculaires. Celui qui ne lisait pas lit. Ce n'est pas automatique, mais efficace dans la plupart des situations, j'en ai été le témoin émerveillé.
La méthode du docteur Gelbert n'est pas confidentielle. Elle est d'ailleurs appliquée dans quelques rares centres privés. Mais tout se passe comme s'il était impossible de briser le mur de silence qui l'entoure, quand on tente, par exemple, d'y intéresser le ministre de la Santé publique ou le ministre de l'Education nationale. Celui-ci est pourtant un homme jeune, ouvert... Jamais il n'a consenti à en prendre sérieusement connaissance.
Quant à Jacques Chirac, nul doute qu'il n'en a jamais entendu parler, que jamais l'un de ses conseillers ne lui a ouvert les yeux sur les origines de la plupart des cas d'illettrisme, dont on s'obstine à faire porter le poids à l'école, qui n'en peut mais. Comment faire ? Comment se faire entendre ?
Tous les jours, grâce à la méthode du docteur Gelbert, des enfants retrouvent la capacité de lire et d'écrire dont on les croyait privés à jamais ; tous les jours des adultes sortent de leur nuit ; mais cela fait un nombre infime de guérisons par rapport au nombre impressionnant d'illettrés que compte la France.
C'est pourquoi, très solennellement, je demande au président de la République de se faire informer directement sur la question, je demande aux ministres concernés de convoquer le docteur Gelbert et de le voir eux-mêmes, non par conseillers interposés.
Sans doute ont-ils ces jours-ci des tâches plus pressantes, mais qu'ils notent sur leur agenda de juin : « Illettrisme ». Qu'ils ne rejettent pas le problème sans examen. Le sort de milliers d'illettrés petits ou grands est entre leurs mains.

Mardi, octobre 29, 2013
Le Figaro