La bible d'Alain Decaux

« La Bible racontée aux enfants », d'Alain Decaux. Livre que FG conseille également aux adultes.
La Bible d'Alain Decaux

Théoriquement, son livre s'adresse aux enfants. Mais il passionnera bien des parents.

Alain Decaux vient de réussir un exploit : condenser en deux cents pages les quatre mille pages de la Bible en leur laissant leur substance, leur couleur, leur saveur.
Théoriquement, son livre s'adresse aux enfants, qui s'en délecteront. Mais que dire des parents ! A moins qu'ils ne soient des familiers de la Bible, il est probable qu'ils n'en ont en mémoire que de vagues traces. Le plat de lentilles, le berceau de Moïse, la reine de Saba... En fait, c'est une histoire formidable qu'elle raconte ou plutôt cent histoires qui, de rebondissement en rebondissement, se lisent ici comme un roman policier... Histoires terribles, dominées par un dieu terrible qui en fait voir de toutes les couleurs à ceux qui désobéissent à sa loi. « Le cruel dieu des juifs », comme on dit dans Racine.
Avec un remarquable sens de la synthèse, Alain Decaux situe les lieux, l'époque, ou plutôt les époques puisque l'histoire est longue, le monothéisme et même les raisons de ce nom, la Bible, né du grec biblia qui signifie les livres. Il commence son récit par la Genèse, bien sûr... Adam, Eve, le Serpent, là on est entre vieilles connaissances... très vite on passe à Noé, auquel Dieu confie : « J'effacerai de la surface du sol l'homme que j'ai créé et toute ma création avec lui car je me repens de les avoir faits. » Sûr qu'il y a de quoi !
Mais en même temps il s'engage dans une nouvelle création en ordonnant à Noé de prendre sur son arche un mâle et une femelle de chaque espèce et de s'y enfermer avec sa femme et ses trois fils. Puis il déclenche le déluge pour que tout sur la terre soit noyé. Il a la main lourde, Dieu.

La tragédie du sacrifice

Mais décidément, les hommes ne valent rien. La descendance de Noé s'est laissée aller à ses vices et à ses péchés.
Alors survient l'épisode de la tour de Babel érigée pour monter jusqu'au Ciel où les constructeurs pourront s'expliquer avec Dieu. Quelle insolence ! Dieu va les punir par un moyen original : ils parlaient tous la même langue, désormais il y aura autant de langues que de maçons, ils ne pourront plus communiquer, ils ne pourront plus travailler ensemble. Ils renoncent à leur projet. Désormais, ils se partageront en trois groupes. Dans l'un de ces groupes, naîtra Abraham.
Mais je ne vais pas vous raconter la Bible. Simplement, vous engager à aller vous retremper dans la tragédie du sacrifice d'Abraham, prêt à tuer son fils Isaac parce que Dieu l'exige, dans le drame de Sodome et Gomorrhe et de la malheureuse femme de Loth transformée en statue de sel, et plus tard, beaucoup plus tard, dans l'histoire de Moïse en Egypte, sauvé du massacre des enfants juifs, et plus tard, beaucoup plus tard, de David et Goliath, David le jeune homme roux à la fronde qui deviendra roi, de Samson et sa Dalila la traîtresse qui lui coupera les cheveux dans son sommeil, de la chaste Suzanne sauvée par Daniel avant qu'il ne soit jeté dans la fosse aux lions, quoi encore ?
Les épisodes se succèdent, racontés avec la verve que l'on connaît à Alain Decaux jusqu'à la mort d'Hérode et l'apparition d'un prophète dont la Bible ne mentionne pas le nom : il s'agit de Jésus. Decaux ajoute quelques pages sur les calamités qui vont s'abattre sur le peuple juif, le massacre de Massada et la destruction de Jérusalem.
« Jérusalem est assise à l'écart
« Elle ne cesse de pleurer la nuit et ses larmes coulent sur ses joues... »
Encore une fois, cet album très bien édité, destiné aux enfants, leur enseignera, de la façon la plus agréable et la plus accessible, ce qui fait le fond de notre culture. Mais on le lira avec le même bonheur de 10 à 90 ans.

F. G.

Mardi, octobre 29, 2013
Le Figaro