De la Perle du Foyer au Gouvernement des Dames Seules

Sur deux associations de femmes célibataires
Que faut-il pour plaire à un homme ? C'est la question que je me pose avec inquiétude depuis que... (Diable ! qu'alliez-vous donc imaginer ?) depuis que le Club des Lisérés verts, organisation matrimoniale réputée, recherche par concours à travers la France « La Perle du Foyer ».
Parce que, n'est-ce pas, pour avoir un foyer ou être perle quotidiennement, il faut avoir un mari. Pour avoir un mari, il faut commencer par lui plaire, au moins jusqu'au mariage. Et pour lui plaire, je ne suis pas du tout certaine que les qualités exigées de la Perle... Ah ! que tout cela est donc compliqué !
Surtout si vous songez que cette compétition entre jeunes filles coïncide avec la fondation du premier gouvernement de femmes seules.
Les femmes seules sont, comme vous le savez, des femmes sans homme. (Les hommes sans femme ne sont pas seuls, eux. Ils sont libres.)
Il y a, paraît-il, trois millions huit cent mille femmes seules en France, c'est-à-dire veuves, divorcées, abandonnées, auxquelles une des leurs, Paule Corday, propose de s'unir.
Elle affirme « qu'on peut être seule et jolie. »
Les Lisérés verts affirment, eux, qu'on peut être laide et « perle ».
Mme Corday désire ardemment « que la femme se sente protégée contre l'homme. »
Les Lisérés verts désirent non moins ardemment que les hommes soient protégés contre les femmes qui veulent « faire du théâtre ou du cinéma. »
Paule Corday voudrait que la femme fût libre de son choix.
Les Lisérés verts voudraient proposer au choix des hommes un véritable collier de Perles — 37 candidates sélectionnées en demi-finale à travers toutes les provinces à partir du 15 décembre, date limite d'inscription.
On peut postuler jusqu'à 35 ans. Au delà, il paraît que la perle ne se porte plus.
Avec une confiance réconfortante dans la sagesse des hommes, les Lisérés verts ont décidé que la triomphatrice gagnerait aux points selon un barème d'où il ressort qu'une vigoureuse agrégée de 34 ans, bourrue et sans grâce, jouant du violon avec âme et n'ignorant rien de la puériculture, sera en meilleure position qu'une ravissante mais fragile bachelière de 21 ans sachant s'habiller, jouer de la guitare et « se présenter dans le monde. »
Une fois la perle montée en épingle, il ne restera plus que de lui trouver un mari. Le club ne saurait s'y engager évidemment, le célibataire étant un animal étrange et capricieux dont la capture exige parfois des armes extra-perlières.
Qu'attend le groupement des femmes seules pour recruter à son tour par voie de concours le « Diamant du foyer », époux idéal ?
Les 37 perles sélectionnées seront désignées sous des noms de fleurs. « Capucine, Rose, Pâquerette, quelle est la meilleure recette de tarte aux pommes ? »
Les diamants pourraient être désignés sous des noms de fruits. « Abricots, Ananas, Goyave, quelle est la façon la plus rapide de remplacer un plomb qui a sauté ? »
Pâquerette épousant Goyave aurait ainsi le maximum de chances de ne venir jamais grossir les rangs des femmes seules.
En attendant, les perles continuent à se donner aux pourceaux, en admettant que ceux-ci n'aient pas le mauvais goût de leur préférer les pierres de lune.
Mais faites confiance aux femmes : à la première discussion, le pourceau s'entendra tout de même dire :
— Quand on a la chance d'avoir une perle, mon cher, on lui en offre...

Mardi, octobre 29, 2013
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