Les candidats députés UMP auraient signé l'engagement de soutenir le gouvernement quoi qu'il arrive? Sage précaution!
On ne peut pas dire que le second mandat de Jacques Chirac lui ait été confié par le peuple français dans un élan d'amour et de confiance. Mais, par l'une de ces malices de l'histoire, il est là, démocratiquement élu, et les résultats de ce premier tour indiquent qu'il obtiendra une large majorité parlementaire. On ne va pas sangloter. La démocratie, c'est aussi l'alternance. Puisque la droite, cette fois, l'emporte, autant qu'elle puisse gouverner. La bonne nouvelle, c'est que le FN a reflué et que le PS reste à son étiage. Ce sont les Verts et surtout le PC qui trinquent. Quant au Pôle de Jean-Pierre Chevènement, le voilà devenu anecdotique. Tout cela ressemble un peu à une cure de réalisme. Si mes renseignements sont exacts, les candidats députés de l'UMP ont été priés de signer une lettre par laquelle ils s'engagent à soutenir le gouvernement avec le petit doigt sur la couture du pantalon. C'est la version rajeunie des célèbres godillots. Sage précaution, tant les Français, députés, médecins ou gendarmes, sont devenus dissipés. Ficelés, donc, ce ne sont pas eux qui paralyseront le travail du gouvernement. Mais que dire des enseignants? Des fonctionnaires de Bercy? Des conducteurs d'autobus? Du personnel hospitalier? Des routiers, des pilotes, et j'en passe, bref, de tous ceux dont on a vu ces dernières années combien ils peuvent être pugnaces, déterminés et dérangeants quand ils sont mécontents? Nous rétablirons le dialogue social, déclare M. Raffarin, qui a très vite appris à parler toujours au futur. Pour l'heure, devant les médecins, le pouvoir a capitulé, et ce n'était pas une affaire de majorité parlementaire. Logiquement, le Premier ministre devrait être à l'abri des grandes turbulences jusqu'à l'installation de la nouvelle Assemblée. Ensuite, est-il pensable que le premier acte fort du quinquennat soit la construction de prisons pour enfants? Cette Coupe du Monde est en train de nous scier le moral. Cela est écrit avant de savoir si Zidane a fait un miracle. Il n'en faut pas moins. Grâce à LCI, qui a mis au point un système d'information épatant, on en a eu plein les yeux. Il me semble que les Espagnols ont été les meilleurs. Battre l'Argentine, pour les Anglais, c'est un bonheur, mais sur penalty une victoire n'est jamais belle. Celle des Américains, ces novices, sur les Portugais était inattendue. Et ces Japonais battant les Russes, qui l'eût cru? Tout cela distrayait un peu du bruit de bottes, ou plutôt de bombes, qui nous vient du Cachemire, et du cauchemar israélo-palestinien, rappelant qu'il y a de plus grands malheurs pour une population que de perdre la face devant le Danemark. J'écris cela, mais tout de même. Ce serait agaçant. PPDA en face d'Ardisson : regardé pour voir un duel de monstres. Ardisson n'a pas osé ou pas voulu user de ses attaques déstabilisantes habituelles. Il a aussi bien fait. PPDA est, à sa manière douce, un redoutable renvoyeur de balles. Mais entre collègues on s'est ménagé et on a écrit ensemble une page de la Bibliothèque rose (France 2). Parce qu'un très jeune homme vient de tuer une très jeune fille et qu'il a déclaré: «Depuis que j'ai vu Scream" [le film] j'avais décidé de tuer pour voir l'effet que cela fait» , on s'interroge à nouveau sur la responsabilité de la violence à l'écran, grand et petit. Jean-Jacques Aillagon, ministre de la Culture, a fait ce que font tous les ministres nouveaux : il a commandé un rapport. Sait-il qu'il existe déjà au moins six rapports, aux conclusions contradictoires d'ailleurs, sur la question, établis aux Etats-Unis, où l'interrogation sur l'impact de la violence à l'écran est récurrente et n'a jamais été tranchée? Ce sont les films américains qui véhiculent la violence. A supposer que la nouvelle rapporteure française, Blandine Kriegel, conclue au danger du mimétisme, la France interdira-t-elle à l'importation un certain nombre de films américains? Il ne faut pas rêver. Olivier Barrot est un athlète de la littérature. Tous les jours, il parle pendant deux minutes d'un livre (sur FR3 à 18h15). Non seulement il l'a lu, mais, en ces deux minutes, il donne envie de le lire, ce que certains ne savent pas faire en un quart d'heure. Il opère de temps en temps en terre étrangère. Ainsi, entre le 10 et le 22 juin, il se promènera en Arizona. Bonne occasion de découvrir avec lui un bout d'Amérique beaucoup moins fréquenté que la Cinquième Avenue. F. G. "
Jeudi, juin 13, 2002
Le Nouvel Observateur