RTL croyait que la ménagère de moins de 50 ans avait remplacé la mercière de Charleville...
Ce Kabila, on ne le pleurera pas. Déjà, quand Che Guevara essayait d'allumer des foyers révolutionnaires au cœur de l'Afrique et que Kabila jouait à être son auxiliaire, le Che disait : «Celui-là, c'est le plus inutile de tous.» Qu'est-ce qu'ils ont, en Afrique, à s'entre-tuer de tous les côtés? Non que l'Europe ait des leçons à donner à cet égard, mais on dirait que leur sous-sol bourré de richesses fabuleuses sécrète la mort au lieu du développement. Jean Hatzfeld, l'un des meilleurs écrivains-reporters de notre époque, publie un livre («Dans le nu de la vie») sur le génocide du Rwanda, l'exécution de 50000 Tutsis par les Hutus, le 11 avril 1994. Un livre mince, simple, saisissant : ce sont des rescapés qui racontent. «Les Blancs ne veulent pas voir ce qu'ils ne peuvent pas croire», dit une survivante. Interrogé sur LCI par Edwy Plenel, Hatzfeld a cette phrase effrayante : «Un génocide n'est pas une guerre, c'est un projet d'extermination. J'ai compris que ça peut avoir lieu. Pourquoi? On ne sait pas. Je ne crois pas ceux qui disent que c'est la dernière fois. La cause est toujours là, mais on ne la connaît pas.» La jeune Roxane, bon petit soldat du RPR, croit qu'en montant tous les escaliers du 18e arrondissement elle va l'emporter. Ce n'est jamais inutile, la politique de l'escalier, mais en la plaçant tête de liste dans l'arrondissement du ministre de l'Intérieur, Philippe Séguin paraît s'être englué dans une tactique tarabiscotée. Alors, exit Roxane? A l'heure d'aujourd'hui, le suspense demeure. Chez Ruth Elkrief, elle n'en menait pas large la pauvrette. Bertrand Delanoë, en revanche, a mangé du lion. On l'avait vu un peu falot, il a fait devant «le Grand Jury», une prestation tout à fait convaincante. Christine Boutin, sur deux chaînes cette semaine (la Chaîne parlementaire et LCI), n'inspirait pas, elle, la pitié. Elle est redoutable, d'abord parce que, comme Robespierre, elle croit tout ce qu'elle dit, et puis par un sens aigu de la médiatisation via la provocation. Ainsi a-t-elle réussi, comme l'a fait remarquer Patrick Buisson, à se tailler une notoriété beaucoup plus ample que sa place sur le champ politique. Elle vise néanmoins l'Elysée. Cette femme de tête me terrorise. Seul point rassurant : elle a changé au moins trois fois la couleur de ses cheveux. La voilà brune, maintenant, ce qui lui sied. Mais tous les coiffeurs vous le diront : une femme qui change souvent de teinture, c'est que quelque chose en elle est mal assuré, mal vissé. A quel âge est-on vieux et pour faire quoi? Descartes a publié le «Discours de la méthode» à 41 ans, Bach en avait 50 quand il a fait connaître sa première œuvre, Verdi compose «Falstaff» à 80 ans, Jacques Chirac en aura 70 quand il demandera un nouveau mandat. Et au-delà de 50 ans, vous êtes une branche morte pour les publicitaires. L'âge est une notion fluctuante. RTL a fait, on le sait, une crise de jeunisme, sous la pression d'une légère baisse d'audience et d'annonceurs avides d'oreilles fraîches, d'animateurs fringants. Autrefois, RTL avait un emblème, une figure mythique, une ménagère censée incarner toutes les auditrices, on l'appelait la mercière de Charleville. Dédaignée la mercière, qui a pris forcément quelques années. Jeté Philippe Bouvard, 70 ans. Résultat de l'opération : 2 millions d'auditeurs déboussolés ont émigré et il n'y a pas un jeune auditeur de plus sur RTL. Eclopés, les Luxembourgeois sont venus à Canossa prier Bouvard de revenir à la maison. Amusant, non? F. G.
Jeudi, janvier 25, 2001
Le Nouvel Observateur