Il était beau, il fut aussi un grand écrivain avant de jeter sa bave antijuive...
Ainsi, l'homme le plus puissant du monde est mené par sa bistouquette. Il faut dire qu'il la fourre n'importe où, avec un manque de discernement confondant. Kennedy en a fait de plus belles. L'ennui avec Clinton, c'est qu'il s'abouche avec de pauvres filles qu'il humilie probablement puisque, sitôt expédiées, elles deviennent des bombes entre les mains de ses ennemis politiques. Tout cela est, en un mot, piteux. Internet en fait un tel cas que le serveur Yahoo propose à lui seul huit entrées différentes dans le dossier «Clinton scandal» . Je n'ai pas su les ouvrir toutes... Internet, théoriquement, c'est fait pour communiquer. Or, pour communiquer, il faut un langage commun. Internet ne parle qu'un volapük baroque, mélange d'abréviations d'anglais et de termes techniques. Parfois on s'y perd. Mais cela fait chic de s'informer via Internet, et d'avoir un numéro e-mail. C'est comme le téléphone portable. Moi, je ne veux pas qu'on me sonne dans la rue, mais je me sens très seule dans cette manifestation d'indépendance... Où en étais-je? A notre bonne vieille télévision qu'on peut encore regarder sans avoir trop de boutons à pousser et de clics à cliquer, encore que... Le débat sur les 35 heures chez Cavada a été riche en informations. D'abord les chiffres donnés par Nicole Notat sur le nombre d'entreprises qui ont déjà réduit le temps de travail. Ensuite la nature de l'obstination farouche que certains patrons opposent à cette réduction. Le président des patrons chrétiens expliqua avec véhémence que ce qu'il ne peut pas supporter, c'est qu'on veuille le contraindre. Ça le rend fou. «Mais il y a des années que l'on essaie de négocier avec le patronat sans succès, a remarqué un expert, Dominique Taddei.Il fallait bien une loi.» Deux exemples furent donnés, par le patron d'une fonderie et par celui d'une faïencerie, d'une réduction du temps de travail réussie. «Cela revient à partager la pénurie», objecta M. Guaino. M.Guaino est cet ex-commissaire au Plan, limogé, qui se produit partout en ce moment et qui ne répond jamais à la question qu'il suscite : comment faire de la croissance, puisque c'est là ce que devrait être l'objectif? Nicole Notat conclut par une mise en garde à Lionel Jospin : «Maintenez bien le cap! Si on échoue là, on échouera définitivement et ce sera très grave.» Interrogé sur LCI, Raymond Barre a indiqué qu'il ne fallait pas en faire un système. D'autre part, il se félicite «de la pertinence des déclarations de Lionel Jospin, de ses orien-tations et de sa stratégie» . Ses interlocuteurs en sont restés babas. Ce fut une surprise de voir Louis-Ferdinand Céline jeune, dans «Un siècle d'écrivains». Il était beau. Il fut aussi un grand écrivain à la plume souveraine, il fut enfin ignoble. Le film suivit sa trajectoire, un peu laborieusement, s'attardant sur la sensation que provoqua son premier roman, «Voyage au bout de la nuit», négligé par Gallimard, «un livre dont aucun homme sensé ne recommandera la lecture à sa femme ou à sa fille», dit Bernanos, un style qui démodait d'un coup tout ce qui s'écrivait jusque-là. Dix ans plus tard, «Mort à crédit» sera, en revanche, éreinté. C'est avec «Mea culpa» et «Bagatelles pour un massacre» que Céline commence à jeter sa bave antijuive. Il s'en donne à cœur joie pendant l'Occupation et, en 1944, il décampe dans les fourgons des Allemands, se réfugie au Danemark où il a un magot, avec sa femme et son chat. Dix-huit mois de prison, six ans au Danemark, amnistie, retour en France où il est mort tranquillement. Un sale type, Céline. Jean-Claude Guillebaud cherche. Il cherche comment on pourrait refonder la famille, il cherche comment on pourrait s'échapper du «tout sexe» où l'on vit aujour-d'hui et inventer des interdits sans lesquels on va vers l'extinction du plaisir. Il a bien parlé de son livre fort savant, «la Tyrannie du plaisir», chez Pivot où l'écoutait Emmanuèle Bernheim, dubitative. Elle a très peu parlé, mais on avaitl'impression qu'elle n'était pas sur la mêmeplanète que Maschino qui babillait du sexe etdes femmes. Elle, elle raconte en peu de mots comment une femme passe une nuit torrideavec un inconnu qui sent bon et la quitte au matin. C'est superbe. F. G.
Jeudi, janvier 29, 1998
Le Nouvel Observateur