FG fait le bilan de la vie politique internationale, un an auparavant en 1978
A l'aube de 1978 l'état de M. Brejnev inspirait de vives inquiétudes, et les chancelleries spéculaient sur sa succession. Mais aucune menace ne pesait sur la santé du jeune chef d'État algérien, Houari Boumediene, austère et sobre.
Sa majesté impériale, le chah d'Iran, se préparait à passer, comme chaque hiver, quelques jours dans les neiges de Gstaad. Dans son avion privé, on chargeait, comme à l'accoutumée, sa cuvée personnelle de caviar gris.
Hormis quelques spécialistes de l'Islam, nul n'aurait su dire, en Occident, et en tout cas à Neauphle-le-Château, ce qu'était au juste un ayatollah.
L'élection d'Aldo Moro à la présidence de la République italienne était assurée. Le résultat des Législatives de mars, en France, semblait à peine moins probable. Interrogés par les instituts de sondages, les Français répondaient avec persévérance, dans leur majorité, qu'ils voteraient pour l'Union de la Gauche.
Abattus ou soulagés, selon leurs dispositions particulières, par la suite des événements, ils se détournèrent des querelles politiques pour ne plus s'intéresser qu'à leurs affaires personnelles.
L'un d'eux, qui cherchait en vain du travail, accepta l'emploi qu'on lui offrait en Afrique. Dans une mine de cuivre. Très exactement à Kolwezi. D'autres, prévoyants, retinrent, dès Pâques, leur place dans un camp de vacances en Espagne. Très exactement à Los Alfaques.
Un couple entreprenant décida de s'endetter pour moderniser l'hôtel qu'il exploitait sur la côte bretonne. Emprunts accordés le jour où un super-tanker, nommé Amoco Cadiz, passait le cap de Bonne-Espérance.
Aux États-Unis, une famille écœurée par les horreurs du capitalisme, décida de rejoindre une communauté religieuse entièrement dévouée au service des hommes. Jim Jones, son chef, avait élu domicile en Guyana.
Quoi encore ? Un directeur de journal, pressé par une jeune amie de fixer la date de leur mariage, répondit en riant : « Toi, je t'épouserai quand le pape sera Polonais ». Sic.
Depuis, il a interdit tout pronostic dans sa publication et il médite Montesquieu :
« La plupart des effets arrivent par des voies si singulières, ou dépendent de causes si imperceptibles et si étrangères, qu'on ne peut guère les prévoir ».
L'aube de 1979 est grise ? La vie, c'est aujourd'hui.
Mardi, octobre 29, 2013
Le Journal du dimanche
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