Masters de tennis. Téléfilm adapté par Claude Chabrol des « Affinités électives » de Goethe. Passage de Vadim Zagladine, haut représentant du Parti soviétique à la télévision française.
« Dolce Vita » mise à part, ce n'était pas la joie, ces jours derniers, sur les petites lucarnes. Il y eut les Masters... Mais entre McEnroe et Lendl, allez donc choisir à qui donner son cœur, le temps d'un match...
Le premier est à gifler. Au moment où l'on serait prêt à se raviser parce qu'il vient d'avoir un coup de génie, il suffit que la caméra s'attarde sur le visage de son père... On a l'arrogance héréditaire chez les McEnroe. Le second... il n'y a rien à lui reprocher. Simplement, Ivan Lendl a la disgrâce comme d'autres ont la grâce.
Considérations frivoles, sans doute. Mais depuis qu'on les regarde pendant de si longues heures, que leur postérieur nous est aussi familier que leur face, qu'on les voit de si près suer, souffrir, rager, haïr, inutile de nier que cette proximité donne naissance à des sentiments d'une subjectivité dégoûtante. L'important est d'éprouver les mêmes que son ou ses co-spectateurs. Sinon, les soirées familiales peuvent devenir orageuses...
Tout mariage — cela est sans rapport avec ce qui précède —, tout mariage ne devrait être conclu que pour cinq ans, contrat éventuellement reconductible, seul le troisième étant indissoluble.
Cette intéressante proposition appartient à Goethe, le « polisson vénérable ». Il la formule dans « les Affinités électives » dont Claude Chabrol a tiré l'un de ces enfants bâtards du cinéma et de la télévision baptisés téléfilms (F.R.3). Sous-film serait généralement plus approprié mais injuste dans le cas présent : quelle curieuse idée cependant d'exhumer pareil sujet...
Le roman est une leçon de résignation administrée par un monsieur de soixante ans qui adorait donner des leçons. Inutile de s'agiter, dit ici Goethe en substance. C'est la fatalité qui détermine les rapports humains. On ne se soustrait pas plus à son destin qu'aux lois et contraintes sociales.
En dépit d'une adaptation respectueuse, il est improbable que la leçon ait franchi l'écran. Ceux que les amours impossibles d'Odile et d'Edouard ont retenus jusqu'au bout auront plutôt conclu à l'utilité du divorce pour régler les affaires des couples où l'on ne s'aime plus et où l'on aime ailleurs.
Et pourtant, quelque chose passait dans ce téléfilm... Une sorte de beauté glacée chargée de mélancolie.
M. Vadim Zagladine, convié mardi au journal de la demi-journée sur A.2, offrait en revanche tous les signes de la bonne humeur assortie de bonne conscience.
Soviétique, chef adjoint de la section internationale du Parti, parlant un français excellent, il se tira fort habilement de la question des fusées stationnées en Europe, puis confirma la réponse de M. Andropov à M. Marchais : Chtcharanski, grève de la faim terminée. « Je me demande, ajouta en substance M. Zagladine, pourquoi on est tellement intéressé par le sort de M. Chtcharanski... Pourquoi un espion attire tellement l'attention des Français... »
Et comme on lui objectait que la thèse de « l'espion » n'est évidemment pas celle du Comité de Défense d'Anatole Chtcharanski, M. Zagladine s'écria : « Mais il a avoué toutes ses fautes ! »
Il a bien dit « avoué ».
Comme quoi le diplomate le plus avisé a parfois des paroles malheureuses.
Deux mots encore : a-t-on idée, Premier ministre en exercice, d'aller se glisser à « 7 sur 7 » entre trois reportages ?... Et pour faire quoi... Des commentaires sur la télévision gabonaise.
On ne reprochera pas, en tout cas, à M. Pierre Mauroy d'avoir, en l'occurrence, abusé des ondes nationales à des fins de propagande. Ni personnelle, ni électorale.
Mardi, octobre 29, 2013
Le Nouvel Observateur
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