Sexualité féminine évoquée à « Apostrophes ». FG voit qu'il n'est pas si facile même à une période dite libérée dans parler à la télévision. Mais Françoise Dolto répond et informe sans détour sur la sexualité enfantine. « l'Heure de vérité » où elle avoue
« Apostrophes » : « Des femmes parlent de la sexualité », annonçait le programme officiel. Comme ça, devant tout le monde ? Bof ! On est libérée, oui ou non ?
La réponse apparut avec évidence : oui et non. Une chose est d'écrire sur ce qu'il y a de plus privé dans sa vie privée, une autre de se présenter devant une caméra, sous l'œil narquois de Bernard Pivot, et de dire : « Moi, je... »
Les deux jeunes dames écrivaines priées de se livrer à cet exercice, France Huser (« la Maison du désir ») et Sophie Chauveau (« la Débandade »), étaient si jolies que ce fut un plaisir de les regarder.
Biche un peu frémissante sous la chevrotine des questions, en disant moins avec les lèvres qu'avec ses yeux brillant d'une sorte d'excitation amusée mêlée d'un brin de gêne à se trouver ainsi en vitrine, France Huser nous dit à quoi sert l'imagination.
Plus provocante mais à peine, Sophie Chauveau nous apprit qu'« écrire sur l'amour aujourd'hui, c'est dire que les garçons, ça ne va pas, ils ont peur, ils sont à plaindre.
Sophie Chauveau à « Apostrophes »
L'érection, n'y a-t-il rien d'autre à espérer ? »
France Huser dit à mi-voix qu'elle n'avait pas remarqué que les hommes ont peur, ce qui nous réconforta un peu. Mais pour plus de renseignements sur la question, il était manifestement nécessaire de se reporter à Françoise Dolto (« Sexualité féminine, libido, érotisme, frigidité »).
C'est quelqu'un, Mme Dolto. Avec cet air qu'elle a d'avoir à l'instant fini ses confitures, elle étendit pour le compte Sophie Chauveau en formulant un bref diagnostic : « On dirait qu'elle regrette que les hommes ne soient pas des femmes. » Dit gentiment à l'auteur de « la Débandade » que « lorsque la fille va vers le garçon pour prendre, c'est là que ça débande ». Laissa l'assistance médusée en décrivant les manifestations de la sexualité féminine et masculine chez les bébés vieux de huit jours. Expliqua l'usage voluptueux que les petites filles font du saut à la corde. Balaya le fameux point G d'un : « Si on leur dit que c'est là que ça se passe... » indulgent aux mécaniciens de l'orgasme. Quoi encore ? Des choses que l'on sait ou que l'on ne veut pas savoir, sur l'avortement, sur l'excision, des choses qui ne durent pas plaire à tout le monde et qu'elle énonça, là, placide, comme elle eût parlé de géographie...
D'ailleurs, quoi qu'il en parût, ce qu'elle dessinait, c'était la carte du Tendre.
« L'Heure de vérité » : moi, je l'aime bien, M. Raymond Barre, et je l'écris sans ignorer ce qu'une telle déclaration a de scandaleux dans un tel journal.
Mais l'homme est estimable. Il n'y en a pas tellement. La preuve : il a négligé l'occasion si convoitée de se montrer différent de ce qu'il est. Il n'y en a pas tellement.
« Dimanche-Magazine » : tout y était, cette fois, l'actualité, l'intérêt des sujets et, rarissime, le rythme, qui avait quasiment disparu de la télévision.
On s'y obstine, généralement, à étirer pendant cinquante-cinq minutes ce qui en vaut quinze ou vingt. Pour des raisons financières ? Possiblement. Avec le matériel rapporté pour chacun des trois reportages de ce « Dimanche-Magazine » - là, on pouvait certainement bâcler trois de ces sinistres « soirées d'information ».
Au lieu de quoi ce fut dense, concis, bon, en un mot. Si « Dimanche-Magazine » est maintenu à ce niveau chaque semaine, le souvenir de « Cinq Colonnes à la une » sera enfin exorcisé... y compris dans l'esprit de ceux qui ne l'ont jamais vu.
Mardi, octobre 29, 2013
Le Nouvel Observateur
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