Retransmission d'un concert de Barbara. Diffusion d'un vieux film « Fleuve étincelant ». Portrait de Marie-France Garaud, perçue comme talentueuse.
Barbara... On aime ou on n'aime pas.
Pour qui l'aime, ce doux et dur oiseau noir, l'émission réalisée à partir de son spectacle, à Pantin, était un bon exemple de ce que l'on peut faire dans le genre, en se donnant un peu de mal. Peut-être le réalisateur s'en est-il même donné un petit peu trop... On a plaisir à se laisser couler dans l'eau d'une voix qui vous émeut. Des angles de prises de vues acrobatiques, recherchés pour distraire l'œil sans doute, surgissaient un peu comme des branches auxquelles l'attention, en s'accrochant, se déchirait...
Ludmila Mikaël... Elle a une vraie présence, cette intense et longue création glissée, lundi soir, dans le personnage de Karine Selby, l'héroïne du « Fleuve étincelant », exhumé par T.F.1. On y croyait presque à son amour des mathématiques, et on croyait ferme à son goût pour les messieurs.
Et pourtant, en dépit d'une bonne interprétation et d'une intelligente adaptation théâtrale, que c'est donc démodé, Charles Morgan... Il y a quelque quarante ans, nous nous en délections. Mieux : avec « Sparkenbroke » et « Fontaine », ce romancier anglais eut, au-delà d'un immense succès, une véritable influence, en France, sur les jeunes gens qui le lisaient passionnément. Il disait que le problème de la vie consiste à découvrir ce à quoi l'on donne priorité sur soi-même... Nous trouvions cela profond... A regarder quelques distingués officiers de Sa Gracieuse Majesté jouer avec le feu de l'amour et celui d'une torpille réfractaire, on ne pouvait s'empêcher de penser au mot d'Henri Michaux : « Celui qui a une épingle dans l'œil, l'avenir de la marine anglaise ne l'intéresse plus. »
Marie-France Garaud... A l'idée de la voir, jeudi soir, dans « l'Heure de vérité », on se serait léché les babines si, à la même heure, sur F.R.3, Marlon Brando plus Jack Nicholson ne devaient caracoler dans un western d'Arthur Penn. Et Mozart batifoler sur T.F.1.
Ecrivant cela avant l'heure du choix, puisque, ce jeudi soir, « l'Obs » est bouclé, mon cœur balance. Brando ou Garaud la panthère, croquant son monde de ses jolis crocs bien rangés, aussi maîtresse de son verbe que sa petite camarade Simone Veil, qu'elle propulsa sur la scène politique, l'est peu...
Mozart ou Garaud la comédienne, enjôleuse, drôle, mordante, habitée d'un immense mépris pour le personnel politique qu'elle a cornaqué, dominé, rudoyé, seul le défunt « Monsieur Pompidou », comme elle l'appelle, jouissant de sa considération...
Brando ou Garaud-Thatcher, réactionnaire jusqu'à la moelle, mais avec style. La dame du château a lu Joseph de Maistre et pourrait dire avec lui : « La souveraineté du peuple, l'égalité, le renversement de toute subordination, le droit à toute sorte d'autorité : quelles douces illusions ! La foule comprend ces dogmes : donc, ils sont faux. »
Manifestement déterminée à occuper, le moment venu, la plus haute charge de l'Etat, puisque, décidément, les hommes de sa paroisse sont des lavettes à ses yeux, faux durs ou vrais mous, cette belle personne laquée s'y prépare méticuleusement. Et on négligerait de la regarder à la manœuvre ?
Mais Brando, tout de même... Plus Jack Nicholson...
Ce n'est pas gentil de la part de F.R.3 d'avoir fait cela à Mme Garaud. Et, croyez-moi, elle est femme à s'en souvenir.
Mardi, octobre 29, 2013
Le Nouvel Observateur
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