Sur les principaux candidats en lice pour l'élection présidentielle
M. Giscard d'Estaing est un homme de droite.
M. Mitterrand est un homme de gauche.
M. Chaban-Delmas est un homme de ressources.
Pour réussir dans leur entreprise, ils ont tous les trois des moyens puissants, des militants, une longue et attentive ambition, l'habitude de la télévision, et la certitude d'être le mieux qualifié pour remplir la fonction de chef d'Etat.
Ce n'est pas un combat médiocre qui s'annonce, mais une bataille dure, saine, dont l'issue est imprévisible.
A gauche, où l'on rêve toujours un peu, on voit déjà M. Mitterrand élu au premier tour par l'un de ces accidents historiques qui surviennent au coin d'un siècle. Mais le principal intéressé n'est pas, lui, un rêveur.
De l'autre côté, on ne se fera pas de cadeaux et pourquoi s'en ferait-on... Il faut bien que l'un des deux abatte l'autre. Dans tous les duels, celui qui gagne est celui qui est prêt à mourir. Il semble qu'ils y soient prêts tous les deux.
Mais quoi qu'ils disent et fassent, les trois principaux candidats sont trop connus du public, et depuis trop longtemps, pour obtenir pendant la campagne des effets de surprise, pour provoquer de grands émois, ou des déplacements massifs de voix, comme il y en eut dans les campagnes présidentielles précédentes. Ils peuvent, tous les trois, faire des fautes. On peut en faire autour d'eux. Ils ne peuvent pas faire de miracles.
Le choc, c'est M. Jean Royer qui va le provoquer. Orateur neuf, redoutable, efficace, n'ayant personne à se concilier puisqu'il ne saurait viser cette fois l'Elysée, il risque de faire des ravages dans tous les rangs, y compris ceux de la gauche, en donnant forme aux angoisses de ceux qui ont le vertige devant leurs enfants.
Ceux pour qui tout a été trop vite et trop loin. Les grandes surfaces et l'avortement, les Comités d'action lycéens, le Tango à Paris et les prêtres contestataires.
C'est le mérite de l'élection présidentielle que de donner écho à tous les courants qui traversent le pays et d'en prendre la mesure réelle.
La France de M. Royer existe aussi. Il est bon qu'elle ait la parole.
La parole. Pas le pouvoir.
Mardi, octobre 29, 2013
L’Express
politique intérieure