Lectorat de L'Express, dernière allocution télévisée de Pompidou, voyage de Nixon à Moscou
Quand les journaux progressent et atteignent de nouveaux lecteurs, nous sommes contents, car c'est un signe de santé générale.
Ça n'a pas été le cas entre juillet 1971 et juillet 1972 pour l'ensemble de la presse française, comme le montre l'enquête qu'un centre d'études, le Cesp, effectue chaque année. Les règles du Cesp interdisent qu'un journal fasse état des chiffres recueillis à propos d'autres publications. Nous indiquerons donc seulement que, sur soixante-dix titres environ étudiés cette année, une cinquantaine — quotidiens et hebdomadaires — sont en baisse, et non des moindres.
L'Express, en revanche, se porte bien. Les résultats le concernant portent à 1 606 000 le nombre de ses lecteurs cadres, dont 865 000 cadres supérieurs. L'audience globale de L'Express dépasse maintenant 3 millions de lecteurs. On conçoit que L'Express devienne de plus en plus « gênant ».
C'est un développement régulier, sain, et satisfaisant, dont il est normal que nous tenions nos lecteurs informés, puisqu'ils en sont, avec tous ceux qui font L'Express, les auteurs.
Le Président parle, le Président a parlé. Sa conférence de presse achevée, Michèle Cotta, Catherine Nay et Régis Paranque, qui se trouvaient à l'Elysée, sont rentrés pour confronter leurs impressions avec ceux qui l'avaient écouté, au journal, devant la télévision. Il y a, généralement, un décalage entre les uns et les autres. Cette fois, la déception inquiète a été générale. « A quoi joue-t-il ? » a murmuré quelqu'un. C'était le titre qui convenait à la couverture de ce numéro et qui a été retenu.
Lors du voyage de M. Richard Nixon à Moscou, Philippe Grumbach, rédacteur en chef de L'Express, avait eu l'attention attirée par l'ambassadeur de France, M. Roger Seydoux, sur les immenses richesses naturelles de l'Union soviétique, tandis que Jean-Jacques Faust était alerté par le contrat conclu entre un homme d'affaires américain, M. Armand Hammer, célèbre dans le monde du pétrole (Occidental Petroleum Corporation), et le gouvernement soviétique. On ne met pas facilement la main sur M. Hammer qui, à 74 ans, court de Los Angeles à Moscou, où il passe une semaine par mois, revient par Londres, s'arrête à Beyrouth, traverse Paris, le tout dans son avion personnel, un biréacteur.
Jean-Jacques Faust l'a retrouvé, et longuement interrogé. Jean-Pierre Guillaume l'a photographié. « Vous avez envie d'aller à Moscou ? a dit M. Hammer. Vous me plaisez. La prochaine fois, je vous emmène. »
La première fois qu'il a fait des affaires avec les Russes, son interlocuteur était Lénine.
Aujourd'hui, entre capitalistes américains et dirigeants soviétiques, on joue « Love Story », et l'histoire du monde peut en être changée. Et d'ailleurs elle change : de Tokyo, où il enquête pour L'Express, Marc Ullmann le confirme.
Mardi, octobre 29, 2013
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