FG ironise sur les capacités du Président à modifier réellement son gouvernement en cas de blocages. Fg s'interroge sur une prochaine révolte populaire l'obligeant à changer.
On prête à M. Pompidou ce propos, tenu en d'autres temps : à quoi bon résoudre les problèmes, puisque les solutions font naître de nouveaux problèmes...
L'esprit en est bien conforme à ce que l'on voit, aujourd'hui, de sa démarche.
Au milieu d'une crise sèche, qui atteint jusqu'à sa physionomie, que se passe-t-il de décisif ? M. Philippe Dechartre est éliminé du gouvernement. C'est donc qu'il y était encore... M. Rives-Henrys est prié de se retirer. C'est donc qu'on n'en avait rien fait... M. Philippe Malaud élabore le quatre-vingt-douzième plan de réforme de l'O.r.t.f. Un plan, c'est ce qui manquait, en effet. Voilà bien des actes de taille à rassurer dans les chaumières sur la capacité d'innovation du gouvernement et l'autorité de l'Etat.
Serait-ce, comme on commence à le dire dans la classe politique, classe versatile s'il en est, répugnance de la part de M. Pompidou à agir sans y être acculé ? Lenteur dans la prise de décision ? Atermoiements d'un homme décontenancé par le soufflet du référendum alors qu'il en attendait une façon de sacre ? Tout cela est peut-être vrai. Mais peut-être s'agit-il, plus profondément, d'une philosophie.
Changer de Premier ministre, de Parlement, de politique, pourquoi, dès lors qu'aucun problème n'est jamais résolu sans en poser un autre ? C'est bien assez, pour un pays, de supporter les bouleversements inéluctables que lui inflige l'industrialisation. Inutile d'ajouter au mouvement.
C'est là un débat qui dépasse les questions de personnes, les filouteries de quelques-uns, les impudences de quelques autres, les coquetteries du Premier ministre avec l'Assemblée nationale.
Si le chef de l'Etat est bien conservateur non seulement par tempérament, mais par tactique, parce qu'il croit les Français à son image dans leur majorité, toute la question est de savoir quand, comment et sous quelle forme le démenti que reçut, en mai 1968, sa philosophie politique lui sera de nouveau infligé.
Mardi, octobre 29, 2013
L’Express
politique intérieure