André Diligent, sénateur vient de rendre un rapport sur la télévision mettant en cause la gestion de l'ORTF, dirigée par Jean-Jacques de Bresson (pdg).
On voudrait que quelqu'un apparaisse sur le petit écran, et dise froidement : « Eh bien, oui, ce qui m'intéresse, moi, c'est l'argent ! Que voulez-vous, j'ai des frais. Votre télévision, je m'en moque. Votre moralité, je n'ai rien à en faire.
Vos grandes causes nationales, elles me passionnent moins que mes petites causes personnelles, le bon vin, la bonne moutarde, le bon riz de Camargue... Ai-je jamais fait de mal à personne avec ça ? Votre commission d'enquête, laissez-moi rire. Il y a des années que tout le monde sait à quoi s'en tenir sur « la vénalité et l'affairisme », comme dit M. l'Inspecteur général François, de quelques princes de la télévision.
« Qu'est-ce que vous attendez quand vous êtes assis devant votre poste ? Des consciences exigeantes ou de bons professionnels ? Dites-moi que M. Marcillac est le plus mauvais journaliste sportif du monde, je l'avouerai. L'immoralité, la vraie, elle est là... »
Mais personne ne dit jamais des choses de ce genre.. C'est dommage. On y croirait enfin.
Au lieu de quoi, le Révérend Père de Bresson nous a onctueusement convaincus, jeudi soir, que si les petits enfants de l'O.r.t.f. ont péché, ils diront trois Pater et deux Ave avant de reparaître sur le petit écran.
Au lieu de quoi, depuis que M. André Diligent a jeté son rapport dans la mare, nous n'entendons que les gémissements toujours suspects de la vertu outragée.
Vous verrez que, bientôt, si ce n'est déjà fait, le malheureux sénateur, honnête homme s'il en fut, sera accusé d'être au service des intérêts privés, pressés d'en finir avec le monopole. Bientôt, le coupable, ce sera lui. Vous verrez.
Imprudent monsieur Diligent... A sa place, on se hâterait d'en appeler aux services d'une agence de relations publiques bien placée à l'O.r.t.f. Ces gens-là s'y connaissent. Moyennant une somme convenable — plus la T.v.a. — ils lui referont une image de marque.
Mardi, octobre 29, 2013
L’Express
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