Editorial n°1072

FG rebondi sur le débat organisé par le Centre catholique des médecins français, au sujet de l'avortement et du respect de la vie humaine. Cite des paroles de prélats très progressistes pour appuyer sa condamnation de l'enterrement du projet de loi Peyret
Il s'est dit des choses bien étranges, l'autre dimanche, au cours d'un débat sur l'avortement et le respect de la vie humaine, organisé par le Centre catholique des médecins français.
Par exemple : « Que l'on juge ou non nécessaire d'interdire l'avortement, il est douteux qu'on puisse le faire au nom du respect de la vie humaine. » (Le père Roqueplo, dominicain.)
Et encore : « Tout dépend de la possibilité qu'ont les hommes de faire vivre une vie vraiment humaine à ce qui naîtra d'un œuf fécondé... Il n'est pas vrai que toutes les cellules familiales ont cette possibilité. » (Le père Pohier, dominicain.)
Et encore : « Avons-nous été voulus ? Nul individu ne peut supporter d'être un pur produit du hasard. Aussi refusons-nous cette question traumatisante. Mais qu'au moins, à l'avenir, les enfants soient vraiment voulus. » (Le père Ribes, jésuite, directeur de la revue « Etudes ».)
Ces propos ébranleront-ils ceux qui, depuis dix-huit mois, ont obtenu, en exerçant une sorte de terrorisme intellectuel, que soit enterrée la proposition de loi déposée par le Dr Peyret, député U.d.r., proposition qui visait à élargir les indications relatives à l'avortement thérapeutique ?
Une proposition bien timide. Une loi qui n'était pas faite, certes, pour aider les petites filles perdues, et les femmes asservies.
En vérité, il s'agissait essentiellement d'épargner à la société, et accessoirement aux parents, le poids moral et matériel d'enfants anormaux, dans la mesure où il paraît désormais possible de diagnostiquer une anomalie génétique du fœtus dès le quatrième mois de la gestation.
Mais une telle loi — ou une meilleure — eût fait sans doute évoluer les esprits, vis-à-vis de l'avortement thérapeutique et des circonstances où il conviendrait de le rendre accessible.
Après avoir affiché d'excellentes intentions à ce sujet, le gouvernement a escamoté le projet Peyret. Peut-être la majorité a-t-elle peur d'agacer une partie de son électorat ? Quant à l'opposition, le Parti communiste, le Parti socialiste, le Parti radical ne font même pas allusion au problème de l'avortement thérapeutique dans leurs programmes respectifs.
On ose à peine se demander pourquoi, tant on craint que, tout simplement, personne n'y ait pensé. Il ne s'agit que des femmes, n'est-ce pas ? Du sort des femmes. De la vie des femmes. Qui voulez-vous intéresser avec ça ?

Mardi, octobre 29, 2013
L’Express