« Le Meurtrier » de Claude Autant-Lara, avec Robert Hossein. L'amitié qui unie FG avec Robert Hossein la pousse à reprendre un passage de la critique élogieuse d'un critique du Monde pour juger de sa prestation.
CINEMA
Le savoir- faire
Faute de grive et de Hitchcock.
« Le meurtrier », de Claude Autant-Lara, avec Robert Hossein, Maurice Ronet et Marina Vlady.
« N'en parlons plus
— Pourquoi ?
— C'est l'ouvrage de votre ami.
- Qu'importe !
— Beaucoup. A quoi bon vous mettre dans l'alternative de mépriser son talent ou mon jugement, et de rabattre de la bonne opinion que vous avez de lui ou de celle que vous avez de moi ? »
Cette introduction au « Paradoxe sur le Comédien », il n'y a guère de semaine où l'on ne pourrait en user, à propos de tel ou tel film.
Ainsi du « Meurtrier », que vient de réaliser Claude Autant-Lara, d'après un roman anglo-américain adapté et dialogué par Aurenche et Bost. Le trio est célèbre. On lui doit en particulier « Le Diable au corps », qui n'était pas un accident dans leur carrière, mais l'expression très achevée de l'heureuse combinaison de leurs talents.
Alors, en dépit de certaines « Régates de San Francisco », c'est toujours avec un préjugé favorable que l'on attend les films d'Autant-Lara.
Il se laisse voir, ce « Meurtrier », dont le canevas est emprunté à l'auteur de « L'Inconnu du Nord-Express», Patricia Highsmith. On y passe même de bons moments, après une première partie qui pourrait être, sans inconvénient, réduite d'un tiers. D'autant que la belle personne, nommée Yvonne Furneaux, qui s'y agite, n'y montre que de très vagues dispositions pour le métier de comédienne. Comme la même fut excellente, dirigée par Fellini dans « La Dolce Vita », et par Antonioni dans « Femmes entre elles », on ne sait qui il faut incriminer : Claude Autant-Lara qui s'en sert mal, ou quelque doublage.
La main leste
Enfin, elle meurt. Alors, on est très content. Et le conflit qui oppose ensuite un mari meurtrier (Gert Froeb), un mari qui rêva de l'être (Maurice Ronet) et un policier à la main leste (Robert Hossein), est assez excitant.
Le suspense ne consiste pas ici à découvrir l'assassin, dont nous savons tout de suite qu'il a commis le crime parfait, mais à savoir comment il sera confondu.
Faute de grive et de Hitchcock, on peut y passer une soirée très convenable. Mais il faut bien dire que rien, dans « Le Meurtrier », ne trahit plus que du savoir-faire, un savoir- faire qui était fort rare dans les années 40, qui le devint beaucoup moins dans les années 50, et qui n'est plus aujourd'hui que routine à la portée de n'importe quel honnête technicien.
F. G.