Dialogue imaginaire sur le retour au pouvoir du général de Gaulle
— J'espère que maintenant vous avez compris !
— Compris quoi ?
— Qu'il faut l'aider.
— Aidons-le.
— Enfin !... Merci. Adieu, je vais évangéliser ailleurs.
— Un instant, voulez-vous ? L'aider, à quoi ? Pas à prendre le pouvoir, il l'a.
— A le conserver.
— Ce n'est pas ici que pour l'heure il est menacé de le perdre.
— A refaire l'union des Français.
— C'est au général Massu qu'il faut vous adresser. Berne n'est plus dans Rome...
— A poursuivre la réconciliation franco-musulmane.
— C'est le F.L.N. qu'il faut convaincre.
— Convenez du moins que le moment n'est pas de lui nuire, mais de le soutenir.
— Sans doute. Par quels moyens ? Il y a la prière... Vous voyez autre chose ?
— Je vois que s'il est balayé, nous courons à la catastrophe.
— Possiblement. Mais par qui pourrait-il être balayé ?
— Par ses ennemis.
— J'aurais plutôt pensé que c'était par ses amis.
— C'est ce que je voulais dire.
— Alors, c'est une affaire entre eux et lui. Que voulez-vous que nous y fassions ?
— Il faut que la nation s'y oppose...
— Avec quelles armes ?
— On en trouve quand on veut se battre.
— Encore faudrait-il savoir contre qui.
— Il me suffit à moi de me battre pour... la Répu...
Ciel ! Excusez-moi... Ce sont là les arguments que j'avais préparés pour vous engager à soutenir, le 14 mai, le président Pflimlin. C'est une horrible confusion... Tout cela est complètement dépassé.
— Non. L'étrange est que ça ne l'est pas. Simplement : la situation était grave ; ce soir elle est tragique parce que nous ne pouvons plus nous dire : si de Gaulle prenait publiquement position, tout s'éclairerait...
Mardi, octobre 29, 2013
L’Express
politique intérieure