La situation en Algérie, peu avant une nouvelle réunion des membre de l'ONU. Fait une bref comparaison avec la situation en Amérique, certes imparfaite aux yeux de beaucoup, mais où les pouvoirs publics ne sont pas « complices de l'intolérance, des racist
Comment ? On rentre ? Déjà ? M. Bourgès-Maunoury n'est donc pas un homme sur lequel ses collègues peuvent compter. On part en vacances en lui laissant l'Algérie.... On revient... Rien de changé : elle est là, comme une grenade dans la main.
Pire : il faut s'en occuper et faire semblant de discuter la couleur du cadre-loi que l'on accrochera au salon, le temps de l'O.N.U., pour cacher les taches sur le mur.
« Le voyez-vous doré ? »
— « Moi, je le préférerais élastique »
— « Allons donc ! Une baguette suffira ! »
Ce n'est pas M. Edgar Faure qui les aurait laissés dans cette situation. Il avait la manière, lui, pour noyer le poisson et le Maroc, dans les eaux d'Aix-les-Bains.
A la rentrée, on pouvait crier un peu... M. Duchet pouvait faire semblant de ne pas avoir été mis au courant. Les vacances, vous savez ce que c'est. On a mille soucis... Et le tour était joué.
Mais M. Bourgès-Maunoury, lui, ne fait pas le poids. Ou bien, est-ce l'Algérie qui le fait trop ?
Voilà le bon M. Pineau, épagneul de service, obligé de fouiller dans ses dossiers pour retrouver son discours de l'année dernière. Il ira encore très bien cette année. Et l'année prochaine aussi.
Le temps passe si vite ! A peine se trouve-t-on « après l'O.N.U. » que l'on se retrouve « avant l'O.N.U. ». Une année ? A peine un quart d'heure, comme le disait quelqu'un de bien informé, il y a précisément un an, en annonçant d'ailleurs qu'il s'agissait du dernier.
Mais cette fois, M. Thierry Maulnier n'aura pas à puiser aux sources de sa sensibilité pour décrire à l'Amérique la mauvaise opinion que l'Europe se fait d'elle lorsque, outre l'argent, elle s'avise de prodiguer des conseils.
M. Charles Chaplin s'en est chargé. Qui aurait cru qu'ils se retrouveraient un jour du même côté de l'Europe, le maurrassien méprisant et le petit homme juif, enfant martyr de Dickens dressé pour toujours contre les puissants ?
La lettre aux Américains que M. Chaplin leur envoie, sous la forme d'un film à sa façon, n'est pas de celles dont on se débarrasse en la jetant dans une corbeille à papier.
Sans doute est-il présomptueux d'y ajouter un post-scriptum. Mais si ces Américains chasseurs de sorcières, ces Américains lyncheurs de noirs, ces Américains prêcheurs et pécheurs ne valent pas mieux que ceux auxquels ils prétendent enseigner le libéralisme, il leur reste une gloire qu'on nous permettra de leur envier : les pouvoirs publics ne sont pas chez eux, complices de l'intolérance, des racistes et des bourreaux.
Mardi, octobre 29, 2013
L’Express
politique