Résultats d'une enquête sur l'état physique de la jeunesse américaine. L'Express annonce préparer également une enquête sur la jeunesse française.
La Syrie rougit à vue d'oeil, le procès de « Confidential » n'éclaire pas d'un jour fameux les mœurs des idoles du public, et pour achever de démoraliser les Américains, les résultats d'une enquête médicale sur l'état-physique de la jeunesse viennent d'être communiqués, au président Eisenhower. On les trouvera ici.
Ils indiquent qu'il est bien fâcheux, pour des enfants, de n'avoir plus à aller chercher le pain, à monter des étages, à marcher pour se rendre à l'école ; et que l'excès de confort produit une jeunesse dont l'apparence est plus florissante que la musculature.
Ce sont des choses qui consolent quand on habite un cinquième sans ascenseur.
Sur l'état moral de cette jeunesse, l'enquête reste muette, mais le cinéma et la littérature ont traduit assez franchement et assez âprement cette difficulté d'être qu'éprouvent les jeunes Américains confits dans la Sécurité.
En revanche, les résultats de l'enquête menée en Pologne sur l'état d'esprit de « la jeunesse de l'âge atomique » — dont nous publions également les conclusions — montrent ce qu'il advient d'une jeunesse élevée dans l'insécurité et le malêtre.
Entre ces deux extrêmes, où se situe la jeunesse française ? De sa conception de l'avenir, de ses aspirations et de son aptitude à les réaliser lorsqu'elle se sera peu à peu emparée des leviers dans tous les secteurs de la nation dépend la physionomie future de la France. Quelles seront les divergences, quels seront les communs dénominateurs des Français de demain ?
Pour essayer de les cerner au plus près, « L'Express » prépare à son tour une enquête.
Nul sondage n'est nécessaire pour savoir qu'entre 16 et 20 ans par exemple, on pense comme ses parents ou contre ses parents, ou qu'il y a « un abîme entre les générations ». C'était ainsi bien avant que les sondages n'existent.
Ce que nous mettons au point, avec la collaboration de sociologues, c'est un questionnaire qui s'adressera à tous ceux qui constituent « la nouvelle vague », c'est-à-dire une génération complète, celle qui a aujourd'hui de 18 à 38 ans environ et qui, dans dix ans, aura pris la France en main, les plus âgés aux postes de commande, les plus jeunes les y portant.
Pour que les résultats de cette enquête aient plus qu'une signification anecdotique, nous organiserons la diffusion méthodique de notre questionnaire dans les milieux les plus éloignés de ceux où « L'Express » pénètre, en même temps que nous prierons nos lecteurs de provoquer, autour d'eux, le plus grand nombre de réponses possible.
Que veulent les jeunes Français ?
De quelle force morale disposent-ils pour y atteindre ?
Quelles faiblesses composent leur handicap ?
La guerre d'Algérie se terminera un jour, quoi qu'il en paraisse. Quelles que soient ses séquelles, elle appartiendra un jour au passé. Et si Staline est mort, c'est bien que tout le monde est mortel.
Et après ?
« Après » sera ce que nous le ferons, selon que nos
mains seront débiles ou fortes.
La Nouvelle Vague est en route.
Mardi, octobre 29, 2013
L’Express
société étrangère