Editorial n°1042

Tente de minimiser la crise actuelle qui s'est soldée par le départ de nombreux journalistes, et oblige FG à assurer seule la responsabilité de rédactrice en chef du journal.
Quand on me demande : « Et vous, que pensez-vous de ce qui s'est produit à L'Express ? » j'ai envie de répondre : « De quoi parlez- vous ? Du passé ? Je n'ai pas d'intérêt
pour le passé. Ni pour le plus récent ni pour le plus ancien. D'ailleurs, je n'en ai guère le temps : cet accident où quelques bons journalistes ont disparu d'un coup me donne un surcroît de travail. Mais, si vous y tenez, parlons rapidement du passé.
« C'était il y a exactement dix ans. En juin 1961. Après huit années de collaboration passionnée, une déchirure emporta loin de L'Express le plus grand journaliste de l'époque, François Mauriac. Si grande était sa place, et irremplaçable son talent, que l'on put croire le journal en danger. Or il se produisit ceci qu'il y eut huit désabonnements. Et puis rien. François Mauriac porta son « Bloc-notes » ailleurs. Il y eut un léger mouvement d'intérêt sur le numéro de l'hebdomadaire, aujourd'hui disparu, où il fit sa rentrée. Et puis rien. »
Cette implacable leçon de modestie pour tous ceux qui écrivent dans les journaux, cette leçon jamais oubliée me permet de remettre chaque chose — et moi-même — à sa place.
La mienne, en ce moment, est au cœur du dispositif, là où se fait L'Express chaque semaine. En reprenant directement la rédaction en chef du journal, en tout cas pendant la période nécessaire pour le remuscler, je n'aurai peut-être plus la disponibilité d'esprit nécessaire pour me livrer au plaisir égoïste de la réflexion personnelle, sans laquelle un éditorial hebdomadaire d'une page n'est plus qu'un exercice de style. Mais, de tout cela, il n'y a pas de quoi faire une histoire ; à peine ces quelques lignes.

Mardi, octobre 29, 2013
L’Express